Les oeufs de Pâques menacent-ils la laïcité ?
A l'heure où l'Université Libre de Bruxelles (ULB) piétinne ses valeurs fondamentales dans un chantier imaginaire, le Cercle des étudiants arabo-européens (CEAE) de l'ULB m'a invité le vendredi (30/03/07) comme orateur dans un autre chantier, un vrai, où se trouve le local de ce cercle d'étudiants qui partage sa cave avec le cercle d'histoire.
Dès l'accès, je me suis dit qu'avant de s'exciter sur l'islam des lumières, les directeurs de l'ULB feraient mieux de commencer par amener un peu plus de lumières dans ces cercles d'étudiants qui frolent littéralement l'état d'insalubrité avancée. Une simple plainte écrite auprès des services du ministère de la Région bruxelloise pourrait facilement faire condamner le propriétaire des locaux à payer des amendes administratives pour mise à disposition de locaux non conformes au règlement régional d'urbanisme. La sécurité ne se résume pas à placer quelques grands schtroumpfs pour surveiller les lieux, il convient aussi veiller à la propreté et à la luminosité des espaces. Ce serait bien si l'ULB décidait de s'attaquer aussi sérieusement à ce chantier.
Suite aux clichés véhiculés par le philosophe Guy Haarscher, je m'attendais à découvrir un cercle d'étudiants musulmans barbus assurant la sécurité d'une cave coupée en deux (séparation entre les hommes et les femmes), des posters de Tariq Ramadan, des boissons mecca-cola 'halal', etc. Déception totale ! J'ai pris place face à un auditoire de 9 filles (dont 4 voilées) et 4 garçons (aucun voilé), des posters non polémiques (Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, Semaine d'Actions contre le Racisme, le film de Mourad Boucif la Couleur du Sacrifice) ainsi que des boissons Coca Zero, Oasis et Orange Eldorado.
Sujet de discussion dans l'après-midi : l'ouvrage de Serge Halimi Les nouveaux chiens de garde qui traite des rapports de copinage entre l'élite médiatique et politique française remettant en cause l'indépendance journalistique. J'avais lu le petit bouquin lors de sa première édition en 1997 alors que je n'étais encore qu'aux études à l'ULB et j'étais content de rappeler aux étudiants d'autres oeuvres dans le même genre comme le documentaire Pas vu, pas pris (1998) de Pierre Carles. En prenant appui sur l'ouvrage de Serge Halimi, j'ai surtout évoqué le contexte belge du traitement de l'information à caractère politique et les pressions économiques (plus que politiques) qui pèsent sur le dos des journalistes.
De retour à Schaerbeek, je découvre avec étonnement la distribution des oeufs de Pâques dans la presque totalité des écoles communales sans que Georges Verzin (MR-FDF), l'échevin de l'Instruction publique qui finance l'association antimusulmane Ni Putes Ni Soumises, ne proteste contre cet acte de prosélytisme religieux menaçant les valeurs laïques de l'enseignement public. Deux poids, deux mesures ?
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