Le double discours d'Emir Kir : épisode 4
Le quotidien turc Hürriyet a finalement publié le 9/12/2006 le droit de réponse (voir illustration) du Secrétaire d'Etat Emir Kir (PS) dans l'affaire de sa "fausse interview" inventée par le journaliste Yusuf Cinal. Le cabinet Kir confirme l'envoi de ce droit de réponse "uniquement en français car la version en langue turque n'existe pas".
Serait-il douteux de constater que le cabinet se contente d'envoyer un droit de réponse en français pour un article en turc paru dans un journal turc? On aurait en effet pu croire que ce droit de réponse n'était en réalité qu'un communiqué de presse déguisé à l'attention des médias belges. Pas du tout, puisque le quotidien turc l'a finalement publié... presque entièrement et presque correctement. Démonstration du dernier double discours ?
Dans son droit de réponse Emir Kir déclare en français :
"C'est avec stupéfaction que j'ai lu l'article paru le mardi 28 novembre 2006 en page 16 de « Hürriyet », intitulé « Veremeyeceğim hesabım yok » et signé par Yusuf Çınal. Je n'ai en effet jamais accordé d'interview à ce Monsieur sur le sujet qui l'occupe dans cet article. Je m'inscris donc en faux contre l'ensemble des déclarations qu'il ose mettre dans ma bouche. Et je m'insurge contre le procédé qui est le sien: inventer de toutes pièces des propos malvenus et choquants. Je me réserve d'ailleurs la possibilité d'introduire une action en justice. La seule et unique déclaration que j'ai faite sur le sujet date du lundi 27 novembre 2006. La voici, dans son intégralité."
Mais dans la version publiée par Hürriyet, Emir Kir déclare en turc :
"J'ai lu l'article me concernant paru le 28 septembre dans Hürriyet intitulé 'Il n'y a pas de compte que je ne puisse rendre'. J'aimerais démentir les déclarations qu'on m'accorde. La seule et unique déclaration que j'ai faite à ce sujet est ci-dessus."
J'entends déjà les cris de Jacques Simonet (MR) au Parlement bruxellois : "Alors de deux choses, de deux choses l'une..."
La situation d'Emir Kir devient complexe car après l'épisode du menteur, du menteur qui accuse l'autre menteur de mensonge, du menteur qui continue à mentir au Parlement, voici maintenant l'épisode du menteur qui ment à nouveau dans son propre droit de réponse. A moins que ce soit un nouveau coup de l'autre menteur. Mais il est toujours possible que deux menteurs mentent en même temps dans les deux langues.
MISE A JOUR : Comme prévus par Olivier Mouton dans Le Soir et Philippe Carlot sur Vivacité (RTBF) la motion de défiance du groupe MR contre Emir Kir (PS) évoquée ce matin au Parlement régional s'est plantée sur une question de procédure judirique. En effet, le règlement d'ordre intérieur du Parlement bruxellois prévoit qu'une motion de défiance n'est recevable que si elle est signée par la majorité des membres du groupe linguistique auquel appartient le membre du gouvernement concerné (lire l'article 111), une précision introuvable dans la loi spéciale du 12/01/1989 relative aux institutions bruxelloises (lire l'article 36). Le débat continuera en janvier annonce le chef de file de l'opposition libérale Jacques Simonet.
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