mercredi, septembre 12, 2007

Nos médias sont-ils islamophobes ?

Il y a de quoi s'interroger sur les efforts déployés par la presse européenne pour relater, toujours plus haut et toujours plus fort, les discours antimusulmans. La dernière manifestation illégale ratée de SIOE du 11 septembre dernier est un bon cas d'école qui indique clairement qu'une mauvaise information vaut mieux qu'une bonne nouvelle. Alors que les défenseurs de la liberté d'une certaine expression islamophobe déversaient leur discours de café devant les caméras de la presse européenne, les contre-manifestants du 8 septembre dernier n'ont même pas pu compter sur l'attention de la presse nationale. "C'est semble-t-il le métier des journalistes de chercher la m.... là où il pourrait y en avoir. Personne n'a relevé les rassemblements des 8 et 9 septembre pour la tolérance d'une part, la vérité d'autre part. Est-ce un hasard?", s'interroge à juste titre Annick Ferauge.

Cela me rappelle aussi l'épisode où les musulmans de Belgique avaient organisé, en soutien aux victimes des attentats terroristes de Madrid, une manifestation devant l'ambassade d'Espagne totalement ignorée par la presse belge.

Il suffit de regarder les Pays-Bas pour mieux comprendre cette situation de plus en plus caricaturale. Pas un jour ne passe sans que la presse généraliste (Trouw, NRC, Volkskrant, Telegraaf) ne titrent sur des histoires "islamiques" où une provocation suit l'autre et ainsi de suite. Entre l'épisode des "baiseurs de chèvre" (Théo Van Gogh) et la comparaison du Coran à Mein Kampf (Geert Wilders et le ministre Plasterk) ou les mensonges récompensées d'Ayaan Hirsi ex-Ali, la presse hollandaise a retrouvé un nouveau gadget en la personne d'Ehsan Jami. L'élu travailliste local (PvdA) de 22 ans d'origine iranienne est le fondateur de la branche hollandaise du Comité central des ex-musulmans et il s'est contruit une belle notoriété en qualifiant Mohammed de "criminel" et de "barbare" et d'Allah de "Dieu cruel".

Derrière lui, on "retrouve non seulement les amis et "créateurs" de Hirsi Ali, mais aussi ses techniques: discussions sans fin sur sa fabuleuse personnalité, liste des attaques (réelles ou imaginaires) dont il est victime, menaces sur sa vie (il est donc un héros de la démocratie contre les méchants musulmans obscurantistes), provocation islamophobe qui ravit les cadres blancs de la droite néerlandaise (Gert Wilders l'adore déjà, le VVD se tâte encore un peu), et discours laïcard intégriste qui me rappelle Caroline Fourest et ses amis (voir ici)", écrit son camarade de parti Laurent Chambon sur son blog.

Je commence à me dire que si ces personnes (Hirsi-Ali, Jami, Wilders,...) reçoivent un si large écho dans les supports médiatiques, c'est qu'un grand nombre de journalistes veulent faire véhiculer une idée, certes politiquement incorrect, mais qu'ils partagent secrètement. C'est comme lors de la manifestation interdite du 11 septembre, il y en avait certains qui étaient même déçus par l'absence d'affrontements physiques ou verbales pour relater ce non-événement. Heureusement que les deux élus extrémistes ont pu faire leur show médiatique en se faisant coffrer de force par les services de police, sinon la journée était vraiment perdue car... trop bonne pour mériter un article médiatique.