La superstar de Beringen lance un appel au vote négationniste
Selahattin Koçak, échevin (SP.A) des Travaux publics, des Propriétés et des Festivités à Beringen, vient d'écrire en langue turque une lettre de protestations contre "la conférence organisée par les Arméniens au Parlement fédéral". Il vise plus spécifiquement la conférence organisée par le Comité de Défense de la Cause Arménienne (CDCA) sur le thème "Le Négationnisme : les démocraties face à l'ultime phase du génocide, Pour une juste pénalisation" qui se tiendra à la Maison des Parlementaires ce mardi (13/03/07).
"Il est difficile de ne pas devenir fou quand on regarde le noms des invités à cette conférence", s'indigne l'échevin socialiste flamand. Mais la partie la plus polémique de sa correspondance concerne ses commentaires personnels sur le profil des orateurs. Voici comment Selahattin Koçak présente les orateurs :
"1) Le professeur à l'ULB Joël Kotek : l'homme numéro 1 du lobby israélien en Belgique. C'est ce même lobbyiste qui rassemblé depuis 1994 des politiciens de différents partis en Belgique !
2) le prétendu historien Philippe Videlier : celui qui écrit depuis de longues années des livres à charge de la Turquie, décrétant à lui tout seul qu'il y a bien eu un génocide et c'est quelqu'un qui s'est complètement dédié aux services de la diaspora arménienne.
3) Radouane Bouhlal : celui qui n'est même pas accepté par la communauté marocaine, le Président du MRAX (Le Mouvement bruxellois contre le racisme)
4) Hayik Malikian : comme son nom l'indique, le président du Comité arménien.
5) Jean-Pierre Mukimbiri et Yolande Mukagasana : les experts sur les massacres commis par les Hutus contre les Tutsis au Rwanda."
L'échevin d'origine turque demande ensuite "ce que ces personnes, excepté Hayik Malikian (car on ne peut attendre autre chose d'un Président de comité arménien), font dans une telle conférence ?"
Lors d'un entretien téléphonique de ce jour (12/03/07), Selahattin Koçak m'a expliqué que "c'est en tapant les noms des orateurs sur Google et sur base des informations disponibles en néerlandais que je suis arrivé à ce résultat. Qu'un professeur turc ou arménien discutent de ce problème ne me gène pas car ils sont concernés par le sujet. Mais je m'interroge sur la présence des autres personnes qui n'ont rien avoir avec le débat. En associant des experts sur les massacres hutus et tutsis ou sur le génocide juif, ils sont en train d'utiliser la tactique du take it to the next level, comme on dit en anglais. Qu'ils analysent les massacres de Srebenica ou en Afrique commis par la Belgique au lieu de se pencher sur ce sujet. Au lieu d'ériger des monuments pour les massacres commis sur les Arméniens, les responsables feraient mieux de bâtir des monuments pour promouvoir la paix. Je ne suis pas pour la confrontation mais pour la réconciliation des peuples."
Selahattin Koçak ne laisse pourtant aucune place à la réconciliation quand il considère dans sa lettre qu'une telle conférence est une "véritable provocation". "A force de crier, la langue de la population turque s'est blessée. La démocratie européenne commence petit à petit à perdre son origine. Le terme d'objectivité n'a maintenant plus aucun sens. Il est incroyable que dans un pays comme la Belgique, qui héberge la capitale de l'Europe, ce type de comportements anti-démocratiques soient soulevés et même transportés au Parlement. Cette conférence est une véritable provocation. Qu'une telle chose soit organisée au Parlement belge est une insulte pour les 170 mille citoyens turcs qui vivent ici."
L'échevin Koçak lance même "un appel et un avertissement aux médias turcs de Belgique ainsi qu'aux partis politiques belges. Que les politiciens élus ou non-élus d'origine turque de l'échelon local au plus haut niveau fassent clairement savoir qu'ils s'opposent à de telles initiatives. Inversons en Belgique le sale jeu politique qui se joue en Hollande. En Hollande, ils ont débarqué les politiciens d'origine turque qui refusaient d'admettre les allégations de prétendu génocide arménien. Inversons ensemble ce jeu en Belgique. Que les politiciens d'origine turque arrivés à un certain niveau en Belgique transmettent de manière nette à leurs présidents de parti le message que "le prétendu génocide arménien est un mensonge et les Turcs vivant en Belgique n'acceptent jamais une telle chose et que les électeurs turcs ne donneront pas de voix à ceux qui soutiennent de telles allégations".. Regardez la réalité hollandaise qui est bien vivante devant nous. Les partis qui ont débarqué les politiciens d'origine turque n'acceptant pas le génocide arménien ont perdu beaucoup de voix. Surtout lors des dernières élections, les électeurs turcs ont fait ressentir de manière encore plus nette leurs choix. Nous sommes également en Belgique. Nous avons nos voix et nos votes ! Pourvu qu'on utilise bien cela..."
Interpellé sur ses ambitions politiques, Selahattin Koçak m'a affirmé ne pas être candidat pour les prochaines élections fédérales du 10 juin 2007 : "Je n'ai pas d'ambition à Bruxelles. Tout le monde sait que je préfère travailler au niveau local."
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