Namur : Séminaire sur les médias et les minorités ethniques
Vous vous souvenez de la célèbre réplique du film "Le Parrain" ? Celle quand Don Vito Corleone décide de faire au producteur Jack Woltz "une offre qu'il ne pourra pas refuser" ?
Un peu dans le même style, une enseignante namuroise de l'HENAC m'a également fait une offre (mais positive celle-là) que je ne pouvais pas refuser : venir prendre la parole ce lundi (26/02/07) dans une ferme écologique à Wepion pour expliquer mon travail journalistique un peu atypique à ses 16 étudiantes infirmières en fin de cycle. Une audience totalement féminine donc, pas spécialement politisée, curieuse, assertive et proactive.
J'ai brièvement eu l'occasion de me présenter tout en distillant quelques bons conseils dans la consommation critique des médias. Mais le séminaire a atteint son climax quand j'ai adapté la série américaine Prison Break au traitement journalistique d'un événement belgo-belge : "Dans l'exemple que je vous propose d'analyser, vous allez voir comment la presse peut jouer un rôle dans une manipulation politico-judiciaire. Dans le rôle de Lincoln Burrows, on retrouve Mohammed Boulif (ex-Président de l'Exécutif des Musulmans de Belgique). Ce dernier est injustement emprisonné à la prison 'Forest River' pour abus de confiance et détournement d'ordinateurs. Des ordinateurs qui seront finalement retrouvés, après une belle saga médiatique, dans les locaux de l'EMB. Comme dans la série, il s'agit d'un jeu de pouvoir politique et le rôle de la méchante Vice-présidente des Etats-Unis est joué à Bruxelles par la ministre des Cultes Laurette Onkelinx. Je vous renvoie à mon blog pour lire les détails de l'affaire mais si vous consultez les archives, vous pourrez constater que la presse généraliste utilise de gros titres sur l'emprisonnement de Mohammed Burrows et à peine un petit rectificatif sans remise en question quand ce dernier sera finalement libéré. L'exemple démontre assez bien à mes yeux une récente manipulation médiatique."
Aucune des étudiantes ne lit une publication sur base quotidienne mais la plupart ne manquent pas les JT à la télévision. "Je préfère regarder la RTBF car le JT de RTL, c'est comme la DH, c'est trop populaire et anecdotique", estimera l'une des futures infirmières. Une autre "préfère La Libre au Soir car j'ai l'impression que l'information est traitée de manière plus sérieuse". C'est "internet" qui serait, d'après l'enseignante, leur principale source d'information.
J'ai aussi pris note d'une expérience importante vécue par quelques étudiantes de ce groupe. Quatre futures infirmières rentrent à peine d'un stage dans les centres hospitaliers roumains où elles affirment avoir vécues une expérience unique : "Nous sommes parties dans la cadre d'un projet européen appelé Leonardo. C'était une expérience très enrichissante car la vie dans les hôpitaux roumains est vraiment catastrophique. Les conditions d'hygiène et de confort sont dramatiques comparées à la situation en Belgique. Vous devez payer pour qu'une infirmière lave votre malade et les docteurs ne disposent pas des outils technologiques pour établir la plupart des diagnotics. Mais les médecins roumains sont par contre très bien réputés pour la qualité de leur analyse. La population vit aussi dans des conditions économiques très difficiles. On a vu des familles qui se chauffaient avec des déchets en plastique, ce qui est évidemment très mauvais pour la santé. Il n'y a très souvent qu'une seule toilette ou douche par étage et la recherche de nourriture ou d'objets se déroulent parfois sur les montagnes d'immondices publiques."
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