Saint-Josse : le double discours d'Emir Kir agace les Turcs
Emir Kir (PS) a-t-il trompé l'électorat turcophone de Saint-Josse en faisant campagne comme candidat bourgmestre lors des dernières élections communales du 8 octobre 2006 ? Le candidat socialiste, secrétaire d'Etat bruxellois, a pourtant cartonné en devançant même le bourgmestre sortant avec ses 1.635 voix de préférence. Malgré tout, la polémique refait surface suite à son échec dans la conquête du mayorat. En français, il dément avoir été candidat bourgmestre mais certains observateurs l'accusent d'avoir fait une tout autre campagne en langue turque.
Erdinç Utku, éditorialiste au mensuel Binfikir, ne mâche plus ses mots à l'égard du double discours d'Emir Kir : "Bien qu'il ait voulu devenir bourgmestre, Emir Kir ne pouvait de toute façon pas y parvenir. Et à ce propos, Emir Kir a trompé à deux reprises l'opinion publique :
a) Quand il a dit : "je n'ai jamais dit à Binfikir que j'allais devenir bourgmestre" ; b) le mardi matin 10 octobre quand il m'a dit au téléphone : "Je l'ai laissé à Demannez mais dans Le Soir du 6 octobre, il m'avait dit qu'il me laissera le poste si j'avais plus de voix que lui". Nos amis qui ont compulsé Le Soir du vendredi 6 octobre n'ont pas trouvé une telle phrase.
Emir Kir a signé avant les élections, comme les autres candidats, la candidature de Demannez au mayorat et ce faisant avait déjà perdu toutes ses chances de décrocher le poste de bourgmestre. Le vrai problème réside dans le fait qu'Emir Kir se présente, malgré tout, devant les électeurs turcs comme s'il avait encore des chances de devenir bourgmestre. Donc, d'un côté il dit à son parti "je ferais ce que vous direz de faire" et de l'autre côté il déclare à son propre peuple "si j'ai beaucoup de voix, je peux devenir bourgmestre". Malgré le fait qu'il n'allait pas devenir bourgmestre, Emir Kir a sciemment trompé l'électorat turc. Et la pression effectuée à propos du poste de bourgmestre suite à l'obtention de plus de voix, c'est lui-même qui a tout fait (les gens qui ont crié "Kir bourgmestre" devant l'hôtel de ville n'y sont probablement pas venus d'eux-mêmes)". Pour ceux qui ne s'y retrouvent plus, je résume mon papier en 3 phrases : 1. Binfikir a écrit de manière juste ; 2. Emir a mené une campagne comme candidat bourgmestre, sans l'accord de son parti, afin de recueillir plus de voix au sein de la population turque ; 3. Il n'allait de toute façon pas devenir bourgmestre car il avait lui-même signé un document [soutenant la candidature de Demannez] et malgré tout cela, il a insisté pour être le bourgmestre."
Une version que confirme totalement l'échevine Nezahat Namli (PS, ex-PRL) : "Evidemment qu'Emir Kir a fait campagne en turc pour devenir bourgmestre. Il l'a même dit à la radio turque, Gold FM, et je peux en témoigner moi-même car j'étais également invitée à ce moment. A la question d'un auditeur, Emir Kir a répondu qu'on devait voir le nombre de voix après les élections et qu'en Belgique il n'était pas interdit de cumuler les deux mandats : bourgmestre et secrétaire d'Etat. Le soir des élections, il a rassemblé avec ses conseillers entre 100 à 200 Turcs à la maison communale pour faire pression. Ils ont commencé à hurler et à frapper partout en criant 'Emir, bourgmestre!' J'avais moi-même honte du comportement de ces personnes. La plupart étaient des commerçants ciblés et je suis persuadée qu'il a tout préparé à l'avance en envoyant des sms. Pourtant, lors de notre réunion de section en avril dernier, Emir Kir avait bien approuvé la candidature de M. Demannez au poste de bourgmestre."
Nezahat Namli ne cache plus son ras-le-bol à l'égard de son camarade socialiste : "J'en ai marre du double discours et des mensonges à répétition d'Emir Kir. Avant et pendant les élections, il a été dire dans les cafés turcs qu'il ne fallait pas voter pour moi parce que je serais d'origine kurde, ce qui n'est pas vrai. Je ne vais pas nier mes origines turques et je ne trouve pas insultant le fait d'être kurde mais le but de cette manoeuvre politique en pleine campagne était clairement d'empêcher certains électeurs de voter pour moi et surtout de les inviter à ne voter que pour Emir Kir. Il ne supporte pas qu'une autre personne d'origine turque puisse réussir. Je suis également originaire d'Emirdag mais je n'ai jamais mis en avant mes origines villageoises. J'ai eu beaucoup de soutiens des femmes belges, turques et marocaines durant la campagne. Ce qui m'a le plus choqué était d'entendre que nous aurions 'trahi' Emir Kir après les élections du 8 octobre 2006 et que c'est principalement à cause de nous qu'il n'aurait pas eu le poste de bourgmestre. Il devait bien trouver une excuse après tout ce qu'il avait raconté aux électeurs turcs."
(photo : Tractothèque)
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