Saint-Josse : Une liste VB avec la collaboration des immigrés
Lodewijk "Louis" Bellen, tête de liste du Vlaams Belang à Saint-Josse-ten-Noode, vient de recevoir sa lettre d'acceptation de la Justice de Paix qui officialise sa candidature et celle de ses 4 colistiers (ses deux fils et deux amies) pour le scrutin communal du 8 octobre 2006. Une sixième candidate a été écartée par le bureau principal étant donné que la personne était radiée des registres de la commune à la date requis par le code électoral bruxellois.
Sur les 108 signataires parrainant le parti d'extrême droite flamande, on compte 47 électeurs d'origine turque, 2 électeurs d'origine marocaine, 1 électeur d'origine italienne et 1 électeur d'origine arménienne habitant la plus petite commune du Royaume. Parrainer une liste politique n'implique évidemment pas qu'on soit obligé de voter pour ce parti mais il est tout de même curieux de constater que des personnes d'origine étrangère soutiennent activement, au point où le parti serait sinon invisible, la candidature du Vlaams Belang dans le cadre des prochaines élections communales.
Avec 51 personnes d'origine étrangère sur un total de 108 signatures déposées, Lodewijk Bellen est fier d'annoncer que "le Vlaams Belang a réussi à déposer une liste pour les prochaines élections avec la collaboration des personnes d'origine étrangère à Saint-Josse". Collaboration, le terme est sans doute bien choisi...
"Rien d'étonnant à cela parce qu'à Saint-Josse, il faut parfois faire 10 maisons avant de tomber sur un Belge. Comme, il y a plus de Turcs qui m'ont répondu positivement, c'est pourquoi on retrouve plus de Turcs sur la liste des signataires", déclare Lodewijk Bellen depuis son appartement 3 pièces en enfilade au 2e étage de la rue de Liedekerke à Saint-Josse.
"J'ai discuté avec ces gens, je suis allé dans certaines familles accompagné de mes amis turcs [Galip et Iskender M.] pour leur expliquer la raison de ma présentation. C'est alors que j'ai dit : "gel buraya, imza at" [en turc : viens ici, signe]. Je me suis exprimé le plus souvent en français et tout était très clair car mon ami turc traduisait mes propos pour ceux qui ne comprenaient pas. Lors de la vérification à la commune, on m'a d'abord validé 94 signatures en m'expliquait ensuite qu'il fallait trouver encore d'autres signatures. C'est alors que j'ai dit : 'Iskender, gel buraya!' [en turc : Iskender, viens ici!] et j'ai eu rapidement mes signatures supplémentaires... Tous ces signataires, ce sont des gens que je connais personnellement, il n'y a donc aucun problème. Mes amis turcs ne voulaient pas aller jusqu'à être candidat du VB car certains ont des membres de leur famille qui sont élus au CDH. "
Le soutien des personnes d'origine étrangère pour les listes VB serait-il un cas isolé dans une commune comme Saint-Josse ? "Non, ce n'est pas une exception", réplique M. Bellen. "Dans la plupart des communes où se présente le VB, il y a des étrangers qui nous soutiennent. Particulièrement au sein de la communauté juive à Anvers. Il suffit de les interroger à ce sujet..."
Interrogé le mardi 11/09, le juge de Paix à Saint-Josse confirme également "qu'aucune irrégularité apparente n'existe dans le dépôt de la liste du Vlaams Belang. Je n'ai constaté aucune manoeuvre apparente qui indiquerait que les habitants auraient été trompés lors de la signature. Sur la feuille de soutien, il est clairement inscrit : 'Lijst van Vlaams Belang voor de verkiezingen van 8 oktober 2006' et les personnes ont signé ce document pour parrainer cette liste. Il y a même une candidate d'une autre liste [ndlr : Henriette Ancel, 7e candidate sur la Liste Communale Indépendante] qui a également parrainé le Vlaams Belang". "Oui, j'ai effectivement vu des noms à consonnance étrangère qui soutiennent la liste VB mais je ne peux pas confirmer le chiffre annoncé. Parmi les Turcs aussi, on retrouve souvent des personnes qui nous déclarent aimer l'ordre et la discipline", ajoute le juge me refusant l'accès à la liste sur base de l'article 26 du code électoral.
Né en 1926 à la rue Bélliard (Bruxelles), ex-membre de la Volksunie, ami de Lode Claes (co-fondateur du Vlaams Blok), Lodewijk Bellen (80 ans) milite au sein du parti d'extrême droite flamande depuis plus de 20 ans. Ayant fait des études primaires à l'institut Sainte-Marie de Schaerbeek, il ne les a jamais achevées. Lodewijk Bellen a également été condamné par la justice belge pour s'être "engagé dans la jeunesse en Allemagne" à Heiligenstadt durant la Deuxième Guerre mondiale. Le militant séparatiste voue depuis une haine féroce contre "l'Etat belge, les juges francs-maçons et les homosexuels". En apparence, son adhésion au VB s'explique principalement par le sentiment d'injustice qu'il ressent suite à cette condamnation.
L'homme semble durablement affecté par sa rancoeur envers la Belgique. Ce qu'il aime bien au Vlaams Belang ? "L'esprit de famille, une famille convenable. Il n'y a pas de Di Rupo, c'est-à-dire des homosexuels. C'est quelque chose de contre nature à mon avis. D'ailleurs, la grande majorité des musulmans sait que dans l'islam, l'homosexualité est interdite et donc les homosexuels aussi. C'est la raison pour laquelle je comprends plus facilement les musulmans qui rejettent les homosexuels."
Lodewijk Bellen avoue que le VB milite "contre la prolifération des étrangers en Belgique". La tête de liste du parti à Saint-Josse confesse même avoir effectué "des piqûres sur des femmes turques afin qu'elles n'aient pas d'enfants. Ces femmes venaient toujours accompagnées de leurs copines. Il s'agissait de piqûres qui rendent la femme stérile pendant 6 mois seulement. Je faisais cela gratuitement pour aider ces femmes. Elles venaient chez moi, je leur demandais de lever la jupe et... hop!... une pîqure."
A propos du droit de vote des étrangers au niveau communal, Lodewijk Bellen explique que le Vlaams Belang y "était contre parce que les socialistes et les francophones - pour renforcer leur électorat - n'ont rien trouvé de mieux que de donner le droit de vote à n'importe qui. Même un chien avec un chapeau pouvait voter ! Tout ça pour diminuer nos chances de réussite. Mais je vous le dis aujourd'hui, les étrangers qui ont soutenu notre liste vont quand même voter pour moi parce qu'ils me connaissent personnellement. Ces gens sont correctes et ils se comportent convenablement, j'en suis moi-même garant. Et si je suis élu, c'est uniquement pour montrer mon bouc comme on dit vulgairement. Le Conseil communal de Saint-Josse ressemble à un cirque. J'ai un excellent copain au FDF que je connais depuis 30 ans. Il m'a raconté qu'on lui a déjà tapé sur les doigts parce qu'il parlait avec moi. Vous trouvez cela démocratique, vous ?"
Dirk Bellen, le fils de Lodewijk et candidat sur la liste à papa, ajoute un commentaire sur l'usage du vocabulaire politique : "Je vous répète que pour moi, le mot 'nègre' n'est pas une insulte étant donné qu'on retrouve ce mot dans le dictionnaire. Sous le mot 'nègre' on peut lire 'personne à peau noire' avec la précision que ce mot était employé pour désigner les esclaves dans les années... Donc 'personne à peau noire', ce n'est pas une insulte. Je préfère personnellement utliser le terme que les autres jeunes emploient actuellement pour désigner ces individus à savoir 'black'. Nègre en soi-même ? Pourquoi serait-ce dramatique, non pourquoi ? Je sais que ce n'est pas une insulte. Je sais aussi que les Noirs en font tout un 'tamtamtam'. S'ils regardaient dans le dictionnaire pour voir ce que cela veut vraiment dire, ils ne feront plus un 'tamtamtam'. Pour les autres termes comme 'bougnoul' ou 'macac', là je suis d'accord ce sont des insultes."
Les candidats du VB refusent quand même de remercier les signataires d'origine étrangère pour le dépôt de leur liste. "Si ce n'est pas eux, j'aurais été capable de trouver d'autres signataires", conclut la tête de liste.
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