Le Bruce-Lee du CDH Saint-Josse défie la liste du bourgmestre

SAINT-JOSSE. Farid Kessas (CDH, ex-PS, ex-MERCI, ex-FDF) fait partie de ces bêtes politiques locales dont la raison d'être est la politique communale. Certains pensent même que ce Belge d'origine algérienne est tombé dans la marmite du druide Cudellix alors qu'il n'était que tout petit. Du coup, rien n'échappe à "CNN Kessas" sur le petit territoire (1,1 km²) de la plus petite commune de Belgique. Amateur de gloubi-boulga et de crème fraîche à la bouteille (!), doublure de Johnny Hallyday dans les karaokés de Saint-Josse, notre homme possède également de grands talents d'imitateurs d'hommes politiques locaux (ex : Guy Cudell chez les Turcs ou Chico Kebsi, ex-basketeur, entre en politique au CDH). Surexcité par les derniers scandales qui touchent sa commune, le mandataire démocrate-humaniste (il est conseiller CPAS) a décidé de revêtir sa tenue de combat pour en découdre une fois pour toute avec la majorité PS-SP.A-PRL en place.

Pourquoi ce style ? La politique est-elle devenue un sport de combat ?
La politique, c’est un combat ! J’ai décidé de m’habiller en kimono de kung-fu parce que je fais du taï-chi chwan, la gymnastique chinoise, pour montrer que je suis bien déterminé dans cette campagne politique à aller jusqu’au bout. Ici, à Saint-Josse-ten-Noode, c’est vraiment les élections de la fin des temps. C’est l’apocalypse parce que plus rien ne fonctionne normalement. A cause de la majorité en place, Saint-Josse est devenue la commune des domiciliations fictives, du clientélisme larvé au sein de la commune au profit des amis de Demannez. Des échevins qui ont bénéficié [ndlr : les socialistes Mohammed Jabour et Dorah Ilunga] des logements de la commune. Nous voulons mettre un terme à cette politique qui n’est pas du tout socialiste. Quand on favorise certains groupes par rapport à d’autres, on créé de la frustration… Toutes ces personnes qui n’ont pas été pris en considération, qui n’ont pas été écoutées, vont aujourd’hui se venger à travers les prochaines élections.

Faites-vous partie de ces personnes frustrées ?
Oui, je fais partie du groupe des frustrés. J’étais militant socialiste au sein du PS et j’ai vu comment on y traitait les gens et le manque de démocratie interne. Malgré mon militantisme, je n’ai jamais pu être sur les listes car ils avaient toujours peurs de moi. On ne me faisait pas confiance même quand je montrais de bonnes dispositions. Les élus PS ne veulent que pérenniser leurs sièges et placer les membres de leur entourage et nous n’avons plus aucun droit… J’ai toujours cru qu’on ne faisait pas de la politique pour placer ses amis mais pour défendre les intérêts des citoyens. Visiblement, ce n'est pas le souci des socialistes.

Et vous y voyez une différence avec le précédent bourgmestre Guy Cudell ?
Oui, je regrette plutôt l’empire Cudell car même s’il pratiquait aussi un certain clientélisme, il arrosait au moins dans tous les sens et pour l’intérêt général. Dans le cas de l’actuel bourgmestre, Jean Demannez, c’est une attitude systématique qui consiste à n'arroser que des groupes bien déterminés et ce sont toujours les mêmes familles.

Quelles familles ?
Je ne peux pas citer ces noms. Nous ne sommes pas quand même à l’époque du maccarthysme ! Mais les familles en question se reconnaîtront.

Que pensez-vous de la liste du bourgmestre ?
Après les scandales à répétition qui ont explosés dans la commune, cela a engendré l’écartement, l’éviction de certains candidats. Vandenbemden et Uyttendaele pour fausses domiciliations et Osman Saglam qui s’est retiré de la liste parce qu’il n’aurait plus le temps étant donné qu’il travaille au Luxembourg. On peut seulement constater aujourd’hui que le bourgmestre a été obligé de faire appel à des personnes inconnues pour compléter sa liste. Des personnes qui sont appelées à occuper des responsabilités importantes dans la commune...

On vous prête également le surnom de « CNN Kessas ». Pourquoi ?
Etant donné que je suis tout le temps sur le terrain et que je m’intéresse à tous les développements politiques de la commune, je suis souvent au courant de certaines choses dans les coulisses. Par conséquent, on sait très bien que j’ai des informations et dans 75 % des cas, c’est moi qui révèle les informations les plus intéressantes.

C’est vous qui avez révélé les derniers scandales à Saint-Josse ?
Non, je n’ai rien à voir là-dedans bien que j’étais au courant des rumeurs depuis déjà un certain temps.

Vous n’avez peut-être révélé que 75 % de ces affaires ?
Non, pas du tout. D’ailleurs, si c’était moi, je l’aurais dit. De toute façon, tout le monde à Saint-Josse sait très bien de qui il s’agit…

Allez-vous faire une campagne ethnique ?
Non, je m’adresse à toutes les communautés. Tout le monde me connaît ici. J’ai d’ailleurs milité un moment dans le cadre de l’association turque EYAD et j’ai beaucoup d’amis issus de différentes origines. J’ai beaucoup aidé les jeunes et je serai déjà content avec 250 voix à Saint-Josse. Il reste encore beaucoup de boulot en matière de mobilité, l'amélioration de l'encadrement des jeunes, la rénovation des logements ou la création d'une Maison de l'emploi que j'avais moi-même suggérés depuis très longtemps.

Propos recueillis par Mehmet Koksal