Ouf, des Polonais ?
Les meurtriers présumés de Joe Van Holsbeeck (photo), l'adolescent poignardé à la Gare centrale de Bruxelles pour son baladeur MP3, n'étaient pas des "motherfuckers marocains" (dixit le chanteur Arno dans De Standaard) mais bien des Polonais.
Et c'est comme un "ouf" de soulagement qu'on a entendu dans la communauté marocaine, musulmane... allochtone en général. Un "ouf" qui fait penser à celui qui s'est produit quelques années avant lors du meurtre de Pim Fortuyn aux Pays-Bas. On pensait aussi à l'époque que les auteurs étaient des "Marocains" mais il s'agissait d'un militant écologiste fondamentaliste.
Des Polonais donc. Et alors ? Doit-on s'en réjouir ? Je ne le pense pas. Certains commentateurs ont même été jusqu'à penser qu'il s'agissait peut-être de "Polonais d'origine marocaine", une manière sans doute de réconforter les préjugés et ne pas totalement admettre ses erreurs d'appréciation. Avec ce raisonnement, on devra s'interroger sur le choix de la langue de procédure des inculpés. Si Adam choisit le flamand et Mariusz le français, le procès bilingue des deux criminels pourra informer de manière équilibrée l'ensemble de la Belgique.
La société belge semble malade de son racisme. Un racisme interculturel qui se balade parmi les populations déjà victimes de discrimination, un racisme institutionnel qui a durablement contaminé les décideurs politiques du pays, un racisme médiatique et judiciaire qui affecte les modes de pensée de tous les citoyens du pays.
Combien de Joe, de Loubna, de Sémira doivent s'éteindre injustement avant que la Belgique commence finalement à remettre en cause ses préjugés identitaires ?
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