lundi, septembre 12, 2005

Foulard à l'école : Marie interdit, Françoise gèle



Le MRAX (mouvement antiraciste belge) n’a visiblement rien compris à Marie Arena (PS), ministre-présidente de la Communauté française de Belgique en charge de l’Enseignement obligatoire. Ce mouvement antiraciste vient d’attaquer, un peu trop vite à mon avis, la « babe » socialiste devant le Conseil d’Etat suite à son approbation des règlements d’ordre intérieur (ROI) des athénées de Gilly et Vauban qui prévoient explicitement l’interdiction de tout couvre-chef (lisez : du foulard).


Dès le 26 août 2005, la ministre socialiste donne donc raison aux athénées francophones qui veulent éradiquer les filles à foulard (mais pas les profs à barbe ?). Le 2 septembre 2005, le MRAX attaque Marie Arena en justice et le résultat médiatique est déjà sans appel : devant les caméras de la chaîne publique, la malheureuse Marie Arena nous refait le coup de la pauvre ministre d’origine modeste… Pas de bol, depuis l’affaire de la douche à 6.000 euros et de son archiscénographe privé pour les décorations intérieures, on a déjà catalogué la protégée d’origine italienne d’Elio Di Rupo dans le camp de la gauche caviar.

Attaquer la ministre en justice ? Décevant sur ce coup le MRAX car tout observateur politique sait bien que Marie change sans cesse d’avis après une séance de pleurnichage à la récré.


Exemples :

1. Marie n’aime pas les cours de latin et veut les supprimer du programme. Les profs la grondent. Résultat : Marie pleure un bon coup et fait marche arrière.

2. Marie n’aime pas les boissons gazeuses non plus et décide qu’il vaut mieux supprimer les distributeurs de Coca-Cola à l’école. Les élèves la grondent, elle pleure un bon coup et fait marche arrière.

3. Marie n’aime pas la décoration de sa classe. Elle fait des travaux (peinture et sanitaire), son copain Elio la gronde, elle pleure un bon coup devant les caméras et fait marche arrière… dans les intentions de vote.

Logiquement, après cette décision anti-foulard sans concertation, elle devait donc… (tous en chœur) pleurer un bon coup et faire marche arrière… mais cette fois, le MRAX a été plus vite pour éviter les larmes. Sans doute que l’association antiraciste n’aime pas voir pleurer les filles d’origine étrangère avec ou sans voile et veut aider Marie a retrouvé une cohérence politique. Le MRAX veut peut-être « laver Marie » de tout soupçon islamophobe, on ne le saura jamais.


En région bruxelloise, la ministre chargée de l'Enseignement de promotion sociale est Françoise Dupuis (PS). Physiquement, elle ressemble plus à la méchante prof’ de chimie qu’à une « babe » au décolleté plongeant et au maquillage pompant. Mais, contrairement à sa camarade de classe, c’est une femme de conviction opposée jusqu'aujourd'hui à l’interdiction de manifester sa liberté de culte. Elle a toujours prôné le libre choix de l'individu.

Pourtant, le règlement d’ordre intérieur (ROI) de l’Institut Roger Guilbert (école bruxelloise de promotion sociale) adopté le 5 juin 2005 stipule bel et bien dans son nouvel article 3.4 que « tous les couvre-chefs seront retirés dès l’entrée dans les bâtiments ». Ce document adopté en juin dernier est valable logiquement pour l’année scolaire 2005-2006.


Le 2 septembre 2005, l’un des symboles à couvre-chef menaçant, d’après le clan anti-foulard, la paix et la tranquillité des élèves de l’Institut Roger Guilbert, se rend tranquillement à l’école pour une simple formalité : s’inscrire à nouveau dans la classe suivante. La brillante étudiante a déjà presté une année complète en compagnie de l’arme fatale (le foulard) sans pourtant provoquer la moindre alerte atomique. Pas de chance, le 2 septembre 2005, la direction brandit devant des yeux médusés le règlement du 5 juin en refusant son inscription au seul motif qu’elle porte un foulard.


L’anecdote n’aurait pas été si poignante si la fille en question n’était autre que Kenza Isnasni. Kenza, la fille voilée, dont les parents ont été sauvagement assassinés le 7 mai 2002 par un militant du Vlaams Blok (parti flamand d’extrême droite rebaptisé Vlaams Belang) à Schaerbeek. Kenza, la fille voilée, qui malgré ce tragique crime raciste, a préféré garder un message positif en mémoire en parlant de la « nécessité de vivre ensemble » dans une région multiculturelle. Kenza, la fille voilée, accusant elle aussi la lenteur de la justice sans jamais déraper vers un discours démagogue. Kenza, la fille voilée, ayant vécu dans la commune de Schaerbeek dont la majorité politique MR-PS-Ecolo interdit encore et toujours le port du voile dans les écoles communales. On aurait pu s’attendre à un minimum de tolérance de la part des partis progressistes à l’égard d’une telle fille courageuse ayant déjà tellement souffert dans sa vie à cause de l'intolérance "made in Belgium". D’autant plus que le même foulard ne posait à ce jour aucun problème à l’Institut Guilbert. Merci donc au Parti socialiste et particulièrement à Marie Arena pour avoir suscitées certaines vocations, espérons que les Schaerbeekoises, musulmanes ou non, n'oublieront pas cette nouvelle humiliation infligée à l'une des symboles les plus vivantes de la cité des cerises.


Suite au refus d’inscription, Kenza prend contact avec le MRAX. Dès le jeudi 7 septembre, suivant l’action judiciaire contre Arena, le Président du MRAX aurait mis en demeure la ministre Françoise Dupuis à propos du règlement de l’Institut Guilbert. Une fuite au cabinet Dupuis nous livre la réponse de la ministre, dès le lendemain 8 septembre, à l’association antiraciste :


«
Les témoignages que vous évoquez se basent sans nul doute sur une mauvaise et ancienne version du règlement d'ordre intérieur des établissements scolaires de la Cocof. A mon initiative en effet, ce règlement a été revu par décision du Collège du 7 juillet dernier. L’article 3.4 est donc libellé ainsi : ‘Chacun observera les consignes courantes du savoir-vivre. Chacun veillera à adopter une tenue vestimentaire et une attitude correctes tant au sein de l'établissement qu'aux abords de celui-ci. Tous les couvre-chefs seront retirés dès I'entrée dans les bâtiments, là où cette disposition prévalait lors de I'année académique 2004-2005.’ En d'autres termes, aucune modification n'a été apportée à la situation existante », écrit la ministre Dupuis.


Le président du MRAX Radouane Bouhlal refuse cependant de confirmer l’information : « Je n’ai pas pour habitude de dévoiler le contenu de mes conversations privées avec nos dirigeants politiques ». En tout cas, le recours judiciaire contre Arena produit déjà ses craintes chez les autres élus dans le même cas.


Sur le terrain, les directions d’école ne respectent visiblement pas les consignes de la ministre en refusant les élèves voilées sur base « d’une mauvaise et ancienne version » du règlement. Il convient toutefois de saluer ici l’attitude de la ministre Françoise Dupuis (PS) même si elle ne permet que de maintenir un status quo provisoire. Dans ce climat de tension défavorable aux filles musulmanes voilées, elle met un frein à de nouvelles interdictions dans les écoles sous sa tutelle. Même si sa décision autorise effectivement aux filles voilées de poursuivre leurs études dans les écoles où elles étaient déjà acceptées mais renforce par la même occasion l’interdiction en vigueur dans les écoles où le foulard était jusqu’ici interdit. Les musulmanes voilées d’un côté et les autres filles de l’autre, c’est ce qu’on pourra prochainement appelé « l’apartheid scolaire ».

Je me répète sans doute mais pendant ce temps, la totalité des élus se disant de confession/de culture musulmane brille par leur silence et leur incompétence sur cette question. Les élections approchent, vous devrez logiquement les revoir aux abords des mosquées…

Mehmet Koksal


infos :

MRAX - Liberté de porter ou non le foulard à l’école

http://www.mrax.be/article.php3?id_article=227