Molenbeek et son pèlerinage politique
Ce jeudi (24/05/07), j'ai été à la rencontre des candidats aux élections fédérales du 10 juin prochain en pleine campagne électorale sur le marché hebdomadaire du quartier populaire de Molenbeek. Comme d'habitude, l'affiche sur les panneaux officiels n'est pas vraiment respecté dans cette bataille du surcollage, ce qui donne finalement des candidats "Vlaams Belang" comme Philippe Moureaux, Frédérique Ries ou Amet Gjanaj, des candidats "CD&V/N-VA" comme Abdellah Achaoui et Laurette Onkelinx ainsi que des candidats "FN" comme Said El Hammoudi. C'est le risque de l'affichage sauvage...
Pour sa quatrième campagne électorale, Jean-François "Abdullah Abu Abdulaziz" Bastin du Parti Jeunes Musulmans (PJM) m'explique le virage à "l'écologie cosmique globale" de son parti et son programme pour promouvoir "la décroissance" en Belgique. Mais la nouvelle polémique qui entoure ce parti se rapporte à nouveau au port du foulard. En effet, l'affiche générique présente les Bastin (père et fils) ainsi qu'une candidate voilée non identifiée dont le visage est obstrué par un slogan "Le PJM à la Chambre". Une manière de "biffer les femmes" pour les uns (Moureaux), une manière de respecter la volonté des candidates de ne pas figurer à visage découvert sur les tracts (PJM). J'ai été demander quelques explications à la source...
Quelques mètres plus loin, je rencontre l'ex-député bruxellois Fouad Lahssaini (Ecolo) pour l'interpeller justement sur la pertinence d'un parti comme Ecolo, considérant que l'écologie politique est récupérée actuellement par l'ensemble des autres formations politiques. "La question de l'écologie n'exclut ni le social ni l'économie mais s'articule autour de cela. La question de l'écologie veut une justice sociale et c'est cela que les gens ont peut-être commencé à comprendre et c'est cela qui fait la différence entre Ecolo et les autres", m'a déclaré Fouad Lahssaini.
En plein centre du marché, j'ai repéré Halis Kökten (CDH, ex-FDF), le "politicien qui ratisse large", venu faire campagne auprès de la communauté turque de Molenbeek et qui distingue, à travers les foulards, les électrices d'origine turque grâce à son "feeling" communautaire.
A sa droite, je retrouve Mohammed Tijjini (MR, ex-PS) qui tente de convaincre ses électeurs en arabe. Ce "conseiller du Président du MR" a cessé de croire aux "fausses promesses du PS" pour finalement décrocher sa propre place sur la liste du parti libéral. D'après lui, c'est toujours "le logement et l'emploi" qui restent les principales préoccupations des électeurs bruxellois.
Puis, j'entame le pèlerinage du marché avec les candidats socialistes. Alors qu'on peut raisonnablement s'interroger sur le nombre de fois qu'un homme politique doit effectuer ce même parcours de fruits et légumes, un militant socialiste me raconte qu'il "vaut mieux faire le tour du marché 7 fois... un peu comme le pèlerinage à la Mecque". Interpellé sur sa santé politique, Philippe Moureaux rappelle ironiquement que "c'est déjà [sa] troisième dernière campagne" et qu'il compte continuer l'exercice du pouvoir "tant que la santé le permet". Malgré ce discours, il me paraissait effectivement très... fragile physiquement bien que le "moustachu" reste encore bien solide intellectuellement : "Je suis convaincu que le PS gardera ses 4 sièges à Bruxelles et on verra pour le cinquième. Nous avons décroché 4 sièges en 2003, nous ne ferons probablement pas le grand score des régionales de 2004 mais je ne pense pas que nous descendrons sous la barre des résultats de 2003. Au sujet des derniers sondages du groupe Vers l'Avenir qui donnent le MR devant le PS en Wallonie, regardez un peu la méthologie et on s'étonnera même que le MR ne fasse pas mieux. J'ai l'impression que tout cela n'est qu'un coup médiatique bien préparé qui coïncidait, comme par hasard, avec la venue de Sarkozy à Bruxelles", m'explique Philippe Moureaux.
Comme d'habitude, j'ai filmé un extrait du petit tour socialiste à travers le quotidien de deux mandataires allochtones (Jamal Ikazban et Mohammadi Chahid) qui discutent très sérieusement sur une version remixée de l'Internationale par un célèbre député bruxellois.
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