Les droits de l'Homme musulman
Débat sur l'islam et les droits de l'homme organisé à l'ULB par le Cercle des Etudiants Arabo-européens. Des étudiants dont la réputation n'est plus à faire tant leur professionnalisme, leur rigueur et leur écoute méritent en soi une médaille. Salle comble comme d'habitude pour Tariq Ramadan, Radouane Bouhlal (modérateur du débat - MRAX), Felice Dassetto (UCL) et Dan Van Raemdonck (Ligue DDH).
L'un des meilleurs moments était la poussée dans les cordes de Tariq Ramadan par le modérateur. Alors que la star musulmane tentait d'esquiver la question d'Anne-Marie Roviello sur la définition de la charia ("oui ou non séparation des pouvoirs ?"), le modérateur martèle : "J'attends votre réponse car vous n'avez toujours pas répondu!" Et Ramadan de concéder du bout des lèvres une acception communément admise par... lui-même. Mais, le "frère Tariq" a aussi marqué le point en parlant des gens qui le critiquent sans l'écouter ou le lire vraiment. "Quand je parle de moratoire pour la lapidation, la peine de mort et les autres formes de tortures, on ne retient que la lapidation pour ensuite m'accuser à nouveau de 'double discours'. J'ai alors envie de répondre 'n'avez-vous pas une double audition ?' " Tariq Ramadan s'est également prononcé contre les "gays pride" en précisant qu'il était contre les moyens utilisés mais pas contre les revendications.
Felice Dassetto a livré une grille de lecture avec 4 écoles ou dimensions des droits de l'Homme dans l'islam en classant la version Ramadan dans la ... 5e tendance critique. Dassetto a aussi lancé un émouvant appel au dialogue et à la confrontation des idées dans l'espace publique.
Enfin, prestation courageuse de Dan Van Raemdonck défendant une version laïque "à la belge" (par opposition à la conception française) face à un auditoire sceptique sur ses exemples à connotation sexuelle. "L'universalité des droits de l'Homme ne peut être disqualifiée par la mauvaise instrumentalisation. Ce n'est pas parce que dans certains cas, comme les politiques du FMI ou de la Banque mondiale, les droits de l'Homme sont effectivement instrumentalisés que l'outil est mauvais. Par ailleurs, c'est vrai que ces principes ont été inventées dans le monde occidental mais ils ont bel et bien une portée universelle. Un marteau doit pouvoir enfoncer des clous partout, pas seulement dans l'espace géographique où il a été inventé."
Faut-il encore avoir ce marteau pour taper sur les bons clous...
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