lundi, mai 09, 2005

Conways, un bar branché à la mode raciste ?


Deuxième essai le samedi dernier au Conways, Avenue de la Toison d’Or à Ixelles, où j’espère enfin pouvoir mettre les pieds sans screening ethnique à l’entrée comme la dernière fois (relire « 1, 2, 3, nous irons en boîte »). En plus, j’arrive cette fois avec deux arguments en béton, je suis accompagné d’une femme et elle est blanche de surcroît. Je fais discrètement deux pas en arrière tout en ralentissant la cadence afin que l’abruti à la porte puisse réconforter ses clichés en voyant une belle bourgeoise au teint pâle. Crâne rasé, veste noire et regard qui tuent, il a le look parfait d’un neo-nazi allophobe et grossier.

C’est à peine si je ne me cache pas derrière la demoiselle pour passer cette frontière mentale raciste. Elle s’approche mais le portier lui demande ce qu’elle veut. Habituée des lieux, elle répond « Bonsoir » comme à chaque passage dans le passé. Il ne comprend pas mais elle répète. Alors, il se tourne vers moi et m’interpelle en me tutoyant. « Tu es déjà venu ici, toi ? », me lance-t-il d’un air dégoûté. Je regarde sur moi pour voir si j’ai des tâches sur les vêtements, rien du tout. Je ne suis pas non plus en état d’ébriété. Me sentant agressé, je décide de ne pas lui adresser la parole. Regardant ma cavalière d’un air humilié, je lui lâche : « Peut-on partir s’il te plaît ? ». Elle accepte tout en assistant à une belle expérience de grossièreté déplacée. Trois pas plus loin, je me retourne pour marquer le point avec un regard désapprobateur mais l’abruti s’enfonce en faisant un geste sexuel obscène. Tellement grossier que je préfère passer sous silence et ne pas relater le dernier coup à ma charmante compagnie.

Conways était un bar que je fréquentais régulièrement durant mes années d’études. Lieu branché du haut de ville, on y retrouve généralement l’atmosphère très british de la convivialité entre clients tout en écoutant les derniers morceaux à la mode. Triste de constater qu’au fil des années, quelques membres du personnel (pas tous !) développent visiblement le profilage ethnique à tendance raciste pour sélectionner la clientèle. Si j’étais patron d’un bar bruxellois, la promesse de suivre une formation « multiculturelle » serait un critère de sélection à l’embauche. Surtout dans une ville pluriculturelle comme Bruxelles.

Ecrire au boss du Conways, est-ce une bonne idée d’après vous ?