Les syndicats dénoncent les pratiques de la "maffia" à Molenbeek
Quand on demande à Michèle Seutin, secrétaire permanente du syndicat socialiste (SETCa), ce qu'évoque pour elle la gestion de l'asbl LA CLES à Molenbeek, elle n'a qu'une réponse en tête : la maffia ! Preuve de l'ambiance explosive dans la commune, la syndicaliste vient d'envoyer une missive incendiaire co-signée par Fatima Daidou (son homologue du syndicat chrétien CNE) à l'attention notamment de Jamal Ikazban, l'échevin-président de LA CLES, où le constat est révoltant :
"Il règne dans votre association une gestion des ressources humaines désastreuse fondée sur l’arbitraire, le clientélisme, voire le népotisme et l’opportunisme politique et ceci en particulier en ce qui concerne la nomination des responsables", écrivent les secrétaires permanents à l'attention des dirigeants socialistes. "C'est la restructuration du service informatique sans consultation des travailleurs qui a fait débordé le vase mais l'association accumulait depuis longtemps les mauvaises gouttes", explique Michèle Seutin. Dans la lettre, le constat catastrophique est édifiant : "Ceci est un exemple de plus de l’arbitraire qui règne dans l’organisation des services et de la gestion des ressources humaines en général ; les promotions/engagements/déplacements qui semblent être opérés sans critères objectifs indépendamment des compétences", concluent les syndicalistes en colère en annonçant tout de même le dépôt d'une demande de conciliation auprès de la commission paritaire ad hoc.
Contacté téléphoniquement, Jamal Ikazban (PS) préfère "ne pas faire de déclarations dans l'état actuel des choses. J'attends qu'on me démontre précisément les faits dénoncés à l'aide de critères objectifs et je rappelle que nous sommes dans une procédure de concertation avec les syndicats donc ce type de démarche ne favorise pas le dialogue. Les déclarations des organisations syndicales n'engagent qu'elles-mêmes et je rappelle la responsabilité de chacune des parties! Je suis chargé de négocier un virage délicat et difficile découlant des incertitudes relative à la politique des grandes villes au niveau fédéral. Ce type de démarche médisante de la part des organisations syndicales n'est ni dans l'intérêt des travailleurs, ni dans celui de l'association que je préside et je me demande vraiment qui défend vraiment les travailleurs dans ce dossier. Mon objectif est de sauvegarder un maximum d'emplois car La CLES est un outil efficace et elle va continuer à l'être", conclut Jamal Ikazban.
LA CLES asbl est une association paracommunale qui occupe une centaine de personnes et bénéficie notamment des subsides du pouvoir communal, régional, communaitaire et fédéral. "La C.L.E.S. assure le suivi administratif de l’asbl «Lutte contre l’Exclusion Sociale à Molenbeek» (asbl L.E.S.) qui est chargée de mettre en œuvre les actions relevant de l’intégration et de la cohabitation des différentes communautés locales, d’actions relevant du volet socio-préventif du contract de sécurité ou de projets issus des Programmes des Villes".
Sans connaître le détail des doléances syndicales, il est facile de constater que l'outil sert essentiellement les intérêts privés des socialistes au pouvoir. Un exemple copinage politique à l'appui : l'engagement du coordinateur des animateurs sportifs Mohsin Mouedden, par ailleurs animateur radio sur la fréquence arabe (où apparaît régulièrement le chroniqueur sportif Jamal Ikazban). Mohsin Mouedden qui, sous une autre casquette, envoie des consignes de vote par sms pour le candidat socialiste... Jamal Ikazban. Rien d'illégal pour un coordinateur efficace qui n'a plus besoin de faire ses preuves, juste un exemple que le clientélisme socialiste sert souvent de tremplin pour accéder à un poste à responsabilité. C'est peut-être une manière particulière de lutter contre l'exclusion sociale... à condition qu'elle serve directement et indirectement les intérêts du PS.
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