mercredi, mars 28, 2007

Saint-Josse : L'opposition charge l'échevine de l'Instruction publique

Lors de la séance d'interpellations du Conseil communal de Saint-Josse de ce jour (28/03/07), Geoffroy Clerckx, chef de file de l'opposition libérale, a interpellé le collège sur la participation de l'échevine de l'Instruction publique, Hava Ardiçlik (PS), à propos de sa participation à la conférence négationniste du 15/02/07 intitulée "Regard sur le prétendu génocide arménien".

"Après avoir participé à une manifestation négationniste devant l’ambassade de France alors qu’elle était seulement candidate aux élections communales, madame Ardiçlik confirme ainsi qu’elle nie l’existence du génocide arménien. Avoir été présent à la conférence du 15 février n’équivaut en effet pas à assister à un colloque scientifique sur la question afin de se forger une opinion objective, mais bien à cautionner un discours de propagande niant farouchement le génocide de 1915. Vu le caractère très sensible du sujet, je pense que Mme Ardiçlik a commis une faute (de jeunesse ?) en participant à cette conférence, faute d’autant plus grave qu’elle est échevine de l’Instruction publique. Va-t-on réécrire les livres d’histoire à St-Josse dans le sens prôné par Mme l’Echevine ? ", s'inquiète Geoffroy Clerckx en se posant également "des questions sur le contenu des cours de langue et de culture dispensés par l'ambassade de Turquie dans les écoles de la commune, instaurés par votre prédecesseur à ce poste Emir Kir".

Après les explications du bourgmestre Jean Demannez (PS) expliquant qu'il n'a effectivement pas interdit la tenue de la fameuse conférence "parce que ce n'était pas illégal et parce qu'elle ne posait pas de problèmes en matière de sécurité publique" et "qu'il y avait une possibilité de débat, ce n'était pas un exposé", l'échevine de l'Instruction Hava Ardiclik a répondu au conseiller communal MR en déclarant : "Oui, j'ai été à cette conférence d'abord parce que j'y étais invitée et ensuite parce que je voulais entendre ce monsieur [l'orateur Yusuf Halaçoglu] dont on m'avait tant vanté les qualités. Je suis Belge d'origine turque mais je ne connais pas l'histoire de la Turquie, je me suis rendue à cette conférence uniquement pour l'écouter. Je n'ai pas participé, je n'ai pas posé des questions, je suis venue un peu après le début et je suis partie avant la séance de débat. J'ai été à cette conférence par simple curiosité. J'entends tellement parler de ce génocide que je voulais écouter ce conférencier qui a la réputation d'avoir une neutralité et qui travaille dans une université réputée en Turquie. Je n'ai jamais pris position sur le génocide arménien. C'est un problème entre deux pays, la Turquie et l'Arménie, et je n'ai pas à m'immiscer dans leur problème ! Je n'ai jamais tenu des positions négationnistes", précise l'échevine de l'Instruction.

"Il est possible que c'était une erreur", admet le bourgmestre socialiste. "Les membres d'un exécutif politique, quel qu'il soit, doivent savoir qu'ils ne sont pas des citoyens comme les autres et qu'il faut admettre que leur présence ou leur non-présence puisse faire l'objet de débat."

Chef de groupe PS au Parlement bruxellois et Présidente du CPAS, Anne-Sylvie Mouzon (PS) pique une vive colère contre l'opposition : "Ce qui me choque c'est que si j'y étais allée à cette conférence, m'auriez-vous posé la question ?" La réponse en duo de l'opposition (Geoffroy Clerckx et Ahmed Mouhssin) est immédiate : "Evidemment que oui! Essayez pour voir..." La socialiste Mouzon reprend la main en haussant d'un ton : "Je suis antisioniste (pas antisémite) et anticolonialiste mais je vais quand même dans les conférences où on défend Israël. Je vais dans ces conférences pour écouter et comprendre pourquoi ces personnes continuent de tenir de tels propos. Je suis une libre-exaministe, membre du Parlement régional et ce n'est pas un simple conseiller communal qui va me dire là où je peux me rendre!"

Revenant à la charge, l'échevine de l'Instruction tente de minimiser : "C'était ma première conférence et je n'étais pas à la manifestation devant l'ambassade de France que vous évoquez". Geoffroy Clerckx rappelle à l'échevine qu'il passait "ce jour-là devant l'ambassade de France et on s'est même serré la main, rappelez-vous et arrêtez de mentir". L'échevine persiste : "C'est faux!".

Le conseiller communal Ibrahim Erkan (CDH), présent le lundi dernier (26/03/07) à la conférence sur le génocide des Assyriens au Parlement européen, se lance dans un discours ambigu pour "féliciter le gouvernement de monsieur Erdogan. Il y a quelques années, il était encore impossible de parler de ce sujet et il faut reconnaître les efforts du gouvernement de monsieur Erdogan pour qu'on puisse parler du problème du génocide arménien. Peut-être que Monsieur Kir pourra mieux répondre à cette question que moi..." L'ensemble de la salle, y compris Emir Kir, plonge dans un fou rire compte tenu des ennuis politico-judiciaires du secrétaire d'Etat régional à ce sujet. Imperturbable, Ibrahim Erkan poursuit ses félicitations : "Monsieur Erdogan a eu le courage d'aborder la question du génocide arménien. Il est venu à Bruxelles et il a dit qu'il proposait une conférence entre les deux pays. Je trouve que c'est bien. Il y a quelques jours, j'ai moi-même participé à une conférence et puis des journalistes turcs m'ont interpellé sur le sujet pour savoir si je reconnaissais ou pas le génocide. Moi, personnellement, je n'étais pas là en 1915, vous pouvez d'ailleurs regarder ma carte d'identité à cet effet mais je ne veux pas entrer dans une polémique et j'espère seulement qu'on puisse arriver tôt ou tard à une solution de paix car je suis pour la paix."

"N'ayant pas été invité à la conférence, soit parce que je ne suis pas échevin, soit parce que je ne suis pas d'origine turque, je voudrais quand même intervenir", déclare Ahmed Mouhssin (Ecolo) qui revient sur les propos d'Anne-Sylvie Mouzon. "Madame Mouzon, si vous ne trouvez pas choquant la participation de l'échevine de l'Instruction à une telle conférence négationniste, je vais vous donner la liste des conférences où on nie le génocide juif pour que vous puissiez y aller et on pourra donc juger sur pièce si l'opposition refusera d'intervenir. C'est évidemment scandaleux qu'elle ait été à cette conférence d'autant plus qu'elle est échevine de l'Instruction publique!"

Anne Sylvie Mouzon réplique : "Ce n'est pas parce que vous lisez Mein Kampf que vous êtes nazi ! Elle s'est clairement écartée des propos tenus lors de cette conférence. Elle s'est rendue sur place pour simplement écouter des opinions qu'elle combat. Ce sont des Talibans qui nous disent où il faut s'informer et ce qu'on doit écouter ! Cessez de faire de la provocation avec ce sujet!" Intervenant dans le débat, la députée et chef de groupe écologiste au niveau communal, Zoé Genot, rappelle à la conseillère socialiste "que le PS a fait voter des lois condamnant clairement de tels propos et dire aujourd'hui, comme vous le faites, que ces lois ne seraient valables que pour certains génocides et pas d'autres, c'est avoir une attitude colonialiste et paternaliste! Je n'ai pas entendu que madame l'échevine s'écartait ou combattait les propos tenus lors de cette conférence, que du contraire..."

Le conseiller communal flamand, Jules Spooren (SP.A), intervient en fin de discussion pour placer sa citation de Voltaire : "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire." Enervé par le lieu commun, le nouveau correspondant du quotidien La Dernière Heure intervient publiquement pour rappeler que "Voltaire était antisémite!". Le bourgmestre décide alors de clore l'incident...

Joël Kotek répond à l'article "absurde" de Selahattin Koçak

Réagissant à la lettre de protestation de l'échevin flamand Selahattin Koçak (SP.A-Beringen) à propos de la conférence organisée par le CDCA à la Maison des Parlementaires le 13/03/07, le professeur Joël Kotek, épinglé par l'élu socialiste comme étant "l'homme numéro 1 du lobby israélien en Belgique", répond à Selahattin Koçak en écrivant : "Monsieur l'Echevin, je ne suis pas plus le lobbyiste numéro n°??? d'Israël que le Roi d'Angleterre. Cette accusation est d'autant plus absurde que je ne vois pas en quoi le "numéro 1 du lobby sioniste belge" viendrait se mêler de la question arménienne et ce, d'autant plus que vous n'êtes pas sans savoir qu'Israël est, depuis de longues années, l'allié objectif de l'Etat turc au Moyen-Orient. La page qui m'accuse d'être un agent sioniste est un article polémique, imbécile, à la limite de ce que d'aucuns qualifieraient de judéophobe. Le (seul et unique) voyage de parlementaires que j'ai jamais organisé en Israël fut en réalité un colloque scientifique. Son objectif était simple : présenter aux politiques & intellectuels israéliens comme palestiniens le complexe mais efficace modèle institutionnel bruxellois."

"Ce colloque n'avait rien de 'sioniste' ou 'd'antisioniste'", poursuit Joël Kotek. "Montée conjointement avec la socialiste Simone Susskind, que l'on pourrait qualifier de femme numéro 1 du lobby pour la paix au Moyen-Orient, cette réunion de haut niveau fut co-organisée avec l'ULB et la VUB ainsi que le Conseil régional bruxellois (PRBC) et les deux Commissions communautaires flamande (RVG) et française (PFB). C'est ainsi qu'une dizaine d'élus bruxellois d'expression francophone (M. H. Hasquin) et néerlandophone (M. Michiel Vandenbussche) dont le Président d'alors du PRBC (M. Edouard Poullet), une dizaine de Professeurs de l'ULB (M. Marc Uyttendaele) et de la VUB (M. Chris Deschouwer) ont discuté avec leurs homologues israéliens (Meron Benvenisti) et palestiniens (Sari Nusseibeh) de l'avenir de Jérusalem. Le colloque fut une très grande réussite scientifique. Si cela vous intéresse, je puis vous offrir l'ouvrage, en anglais, qui reprend l'essentiel des interventions : "Brussels and Jerusalem: from conflict to solution", édited by Joël KOTEK, Simone SUSSKIND and Steven KAPLAN, ULB/CERIS et HUJ, Jérusalem, 1996."

"Vous constaterez que la réunion fut tout... sauf partisane. (...) Le fait que je réussis à monter avec Mme Susskind une réunion d'une telle ampleur s'explique d'abord par le fait que j'étais tout à la fois fonctionnaire au Parlement des francophones bruxellois (PFB) et professeur à l'Université Libre de Bruxelles et, ensuite, que nous reçûmes des fonds de la Commission européenne. Vous comprendrez dès lors sans peine pourquoi je prends la peine de vous répondre. Cher Monsieur, sur les 31.600 pages répertoriées par GOOGLE sur mes activités, ne me dites pas que vous n''avez pas compris que j'étais universitaire. Au moins 30.000 pages doivent se rapporter à mes activités scientifiques.
Je ne suis pas lobbyiste, juste un petit professeur spécialiste de la Shoah et des autres génocides du 20ème siècle. Bref, tout ami de la Turquie que je suis (car j'aime beaucoup la Turquie), je ne puis accepter la négation du génocide des Arméniens. Ici, c'est l'historien qui parle", conclut Joël Kotek.

Contacté par téléphone, l'échevin Selahattin Koçak était indisponible pour commenter cette interpellation.

Atatürk étiquetté homosexuel... d'après une initiative de Marie Arena

Le nouveau livre intitulé "Combattre l'homophobie à l'école" envoyé (sur demande) aux écoles primaires et secondaires à l'initiative de Marie Arena (PS), ministre-présidente de la Communauté française en charge de l'Enseignement, contient également le nom de Mustafa Kemal Atatürk (fondateur de la République de Turquie) parmi la liste des homosexuels célèbres dans l'histoire. L'information a été annoncée en flamand par le quotidien De Standaard (26-03-07) ainsi qu'en turc par le journaliste Erdem Resne (Binfikir). "A la page 105 de l'ouvrage, on trouve comme titre 'les personnes célèbres à tendance homosexuelle et bisexuelle' et sous ce titre, il est écrit 'Kemal Pacha Mustafa' alias Atatürk (1881-1938 - héros de la révolution turque)", relate-t-il.

Suite à l'annonce, le cabinet Arena a décidé de supprimer les pages 103 à 106 de la brochure , contenant la fameuse liste polémique, gratuitement disponible en ligne depuis novembre 2006. "Nous avons décidé de supprimer cette liste afin de ne pas nuire à la qualité pédagogique de ce livret reconnue par tous les enseignants. L'élément important dans le livre n'est pas d'indiquer qui est homosexuel mais plutôt d'expliquer ce qu'est l'homosexualité. Nous avons publié cette liste sans avoir demandé l'autorisation à certaines personnes et il est également possible que des preuves suffisantes manquent concernant d'autres personnes. Nous avons enlevé cette liste afin de ne pas nuire ni au livre ni à notre objectif tout en évitant de créer des polémiques inutiles. Dorénavant, les personnes qui consulteront l'ouvrage sur le site n'auront plus accès à cette liste. Nous n'allons pas non plus utiliser cette liste dans la nouvelle édition à destination des écoles demanderesses", a déclaré Gwendoline Allain, coordinatrice du projet au cabinet Arena, tout en ne sachant pas préciser sa source sur l'élaboration de la liste des homosexuels et bisexuels célèbres. A noter que l'écrivain Michel Larivière évoque aussi le même personnage dans son Dictionnaire des homosexuels et bisexuels célèbres (paru aux Editions Delétraz en 1997).

Interrogé par Erdem Resne, Ulas Saritas (secrétaire général de l'Association de la Pensée d'Atatürk en Belgique - BADD) rejette les allégations à propos de la prétendue homosexualité de Mustafa Kemal Atatürk en expliquant que "les allégations sur l'homosexualité d'Atatürk reviennent fréquemment dans l'actualité. En général, la totalité de ces allégations se fondent sur les calomnies provenant des mémoires de Riza Nur (le premier ministre de l'Education de la République). Depuis qu'il s'est distancié d'Atatürk, Riza Nur a multiplié les diffamations à l'encontre d'Atatürk sans jamais fournir de preuves."

L'initiative du cabinet Arena risque non seulement d'alimenter l'homophobie (au lieu de la combattre) mais elle peut également créer une crise diplomatique compte tenu de la sacralité qui entoure l'image d'Atatürk en Turquie. Tout ceci en disqualifiant d'emblée le contenu pourtant intéressant de la brochure en question.

UPDATE : Le quotidien flamand De Morgen (01/04/07) annonce "les excuses de Marie Arena auprès des Turcs pour cette publication. Quelqu'un a visiblement trouvé l'information sur internet et ne l'a pas contrôée. 'C'est un malheureux copy-paste'".

lundi, mars 26, 2007

Les Assyriens demandent également la reconnaissance du génocide

La conférence sur le génocide des Assyriens ("Seyfo") organisée ce lundi (26/03/07) au Parlement européen par le Centre Seyfo en coopération avec le groupe parlementaire GUE-NGL (principalement des communistes et des ex-communistes) a fait salle comble en réunissant plus de 250 personnes principalement membres de la communauté assyrienne de Belgique.

Eva-Britt Svensson, vice-présidente suédoise du groupe GUE-NGL, s'est principalement attaquée aux restrictions du code pénal turc en matière de liberté d'expression. Tout en rappelant que son groupe est favorable à l'adhésion de la Turquie au sein de l'Union européenne "lorsque les obstacles seront levés en matière de respect des droits de l'homme envers les minorités", l'eurodéputée suédoise estime que "la liberté d'évoquer le génocide, la conservation des archives et la dépénalisation totale des discours reconnaissant le génocide sont des exigences minimales dans le processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Il faut que cesse la pénalisation et la persécution des personnes qui osent évoquer le terme de génocide pour qualifier les faits. Il faut aussi que ce pays reconnaisse ce fait historique avéré : le génocide des Arméniens était en réalité également le génocide des autres groupes chrétiens comme les Assyriens et les Grecs. La réconciliation est impossible sans une dépénalisation complète de la discussion sur le génocide."

Sabri Atman (Président du Centre Seyfo) a expliqué "qu'un génocide a été commis contre les Chrétiens (Arméniens, Assyriens et Grecs) par les responsables du Comité Union et Progrès qui dirigeaient l'Empire ottoman en 1915. La proclamation le 14/11/1914 de la guerre sainte contre les Chrétiens ne visait pas seulement les Arméniens. Le plus grand atout de la Turquie était sa diversité ethnique et les dirigeants de l'époque ont décidé de détruire cet atout en massacrant près de 2 millions de personnes. La Turquie a voulu homogénéiser la diversité en perpétrant un génocide contre ses populations chrétiennes. Aujourd'hui, la Turquie veut créer une identité qui se base sur un drapeau, une seule culture, une seule religion et une seule langue. Or, la source principale du problème n'est pas la diversité mais bien l'incapacité du pays à tolérer sa propre diversité. Nous nous opposons à la mentalité nationaliste qui rejette la diversité, renie son passé et fabrique des scénarios pour éviter sa responsabilité. Comme si ce n'était pas assez, cette même mentalité nous menace aujourd'hui en nous expliquant sans honte que si nous continuons de les énerver, ils recommenceront ce travail inachevé. Les 2/3 des Assyriens ont été massacrés par un immense coup d'épée, c'est la raison pour laquelle nous utilisons le terme 'Seyfo' [épée en assyrien] pour parler de ces événements. Nous n'avons aucune volonté d'encourager la haine envers la Turquie ou le peuple turc. Au lieu de vilipender les Etats qui reconnaissent le génocide, nous voulons que l'Etat turc reconnaisse sa responsabilité dans le génocide perpétré contre les Arméniens, les Assyriens et les Grecs. Nous demandons un minimum d'humanité et des excuses à ce sujet. "

L'historien suédois David Gaunt (Sodertorns University College), auteur d'un ouvrage récent sur le sujet, a brièvement évoqué "la panique des nationalistes et la campagne essentiellement anti-chrétienne en vigueur à l'époque du génocide. Par exemple, les peuples chrétiens étaient considérés comme des 'bactéries nocives' par le gouverneur de Diyarbakir et les mesures adoptées (déportation et massacres) étaient basées sur des craintes de futures trahisons. Certains hauts fonctionnaires ottomans se sont opposés à ces massacres, ils ont été eux-mêmes tués ou déportés. De plus en plus de documents attestent des faits et ne laissent planer plus aucun doute sur le fait qu'il y a bien eu un génocide contre les Arméniens et les autres populations chrétiennes comme les Assyriens". David Gaunt est également connu en Turquie pour avoir conclu un accord avec l'historien officiel Yusuf Halaçoglu en vue d'examiner des fosses communes dans la commune de Nusaybin de la ville de Mardin.

Markus Ferber (PPE-CSU, droite chrétienne) a rappelé que "la liberté d'expression est l'un des piliers de l'Union européenne" et que "l'identité européenne est construite sur la diversité européenne qui est une richesse. La protection des minorités est une condition sine qua pendant les négociations d'adhésion. Les minorités en Turquie doivent être reconnues selon les normes européennes et pas exclusivement sur base du Traité de Lausanne qui se limite à considérer comme minorité tout groupe religieux non musulman." Les deux députés européens (Ferber et Svensson) ont dénoncé publiquement les pressions de l'ambassade de Turquie (dont cette lettre de l'ambassadeur auprès de l'UE Volkan Bozkir) pour empêcher la tenue de la conférence. L'ambassadeur Bozkir se plaint de l'utilisation du drapeau turc, des locaux du Parlement européen et du "prétendu soutien du groupe GUE-NGL" pour l'organisation d'une conférence malintentionnée sur le "prétendu 'génocide assyrien'" susceptible de tromper le public.

Au nom de l'ONG "Human Rights Without Frontiers", Willy Fautré s'est focalisé sur la campagne négationniste en Belgique, ses acteurs et ses manifestations en dénonçant l'ambivalence "des grands partis politiques belges qui n'hésitent pas à placer des candidats extrémistes sur les listes" pour des raisons électoralistes. "En réalité, le débat sur l'existence ou non du génocide est totalement dépassé et ceux qui se cachent derrière l'argument d'une commission mixte d'historiens oublient trop facilement qu'une telle commission mixte existe déjà depuis longtemps. Il s'agit de la commission internationale des historiens de génocide qui a déjà démontré plus d'une fois la réalité du génocide."

Présent dans la salle, le conseiller communal d'origine assyrienne Ibrahim Erkan (CDH-Saint-Josse) m'a expliqué que "les Assyriens sont pour la paix et pour la mémoire, pas contre les autres peuples. Nous voulons la paix et la réconciliation, cette démarche n'est possible que si la Turquie entame honnêtement son devoir de mémoire. Mon grand-père m'a expliqué la manière dont il a vécu le génocide et comment il a ensuite rencontré ma grand-mère dans un célèbre monastère. Le génocide est inscrit dans la mémoire de la communauté assyrienne. 1915 est connu pour être l'année du Seyfo dans nos mémoires."

A la demande des organisateurs, les orateurs ont co-signé un communiqué de presse du Centre Seyfo appelant l'Union européenne à "faire politiquement pression sur la Turquie pour assurer une solide et potentielle candidature afin de soutenir son processus de démocratisation et d'offrir des droits égaux à tous ses membres et futurs citoyens."

vendredi, mars 23, 2007

La faute à la presse qui ne parle que de P.S. ?

Visiblement, il n'y a pas que le Président Eric Tomas (PS) qui semble furieux en ce moment suite à la publication d'un engagement douteux au sein du Parlement bruxellois. Le Bureau du Parlement a rapidement revu ce jeudi (22/03/07) sa décision d'engager Philippe Servaty comme stagiaire-attaché, piétinant peut-être au passage quelques règles élémentaires comme la présomption d'innocence et la séparation des pouvoirs.

Avant cela, Alain Daems (Ecolo) m'a également fait savoir qu'il était tout aussi furieux mais, contrairement au Président, lui c'est contre moi et il a eu la délicatesse de me le faire savoir par ces mots : "Je suis né à St Pierre (1000 Bxl) et je suis membre du Bureau du Parlement bruxellois. J'espère que je peux quand même m'exprimer, même si vous ne m'avez pas appellé, apparemment parce que je ne suis pas "d'origine marocaine" comme vous le dites dans votre mél ci-dessous. Je me réserve quand même le droit de vérifier que ce type de "filtre" de votre part ne constitue pas une discrimination abusive à l'égard des personnes qui ne sont pas "d'origine marocaine". Je ne suis pas non plus une femme, et je m'en excuserais éventuellement mais je crois que ma femme (et j'espère d'autres personnes..) ne comprendrait pas pourquoi je dois m'excuser d'avoir été présent à la réunion du Bureau alors qu'une femme membre du Bureau était absente (peut -être excusée légitimement, d'ailleurs). Toujours est-il qu'il n'a été fait aucun lien entre la personne admise au stage d'attaché et le journaliste pornographe, menteur et connu sous le nom de Belguel. J'ai participé à cette réunion du Bureau (je suis le seul membre Ecolo, il n'y a donc pas moyen d'y respecter la parité entre personne de sexe différent..) et je n'ai pas pu faire de lien avec la personne dont j'ai suivi les actes répugnants au Maroc, généralement évoqués par Le Soir (mon journal habituel) sous les seules initiales de P.S. Evidemment, j'avais déjà lu le nom de Philippe Servaty de temps en temps mais j'ai aussi lu (beaucoup plus souvent heureusement) le nom d'Abraham Serfaty ainsi que d'autres Serfaty ou Servaty sans jamais me demander s'il s'agissait du type qui avait entraîné dans la galère que l'on sait les jeunes femmes marocaines qui souffrent encore aujourd'hui de leur temporaire et tragique crédulité. Serfaty ou Servaty n'est pas un nom si rare. Votre papier laisse à penser que le Bureau du Parlement bruxellois aurait agi en connaissance de cause; c'est faux. Il laisse également croire que la raison en serait que seuls les hommes memebres du Bureau étaient présents; c'est faux et injurieux : je suis favorable à l'égalité entre femmes et hommes et tout en étant sensible à la fragilité des femmes dans des situations comme celles subies par les victimes de P. Servaty sans avoir jamais battu ma femme.... et de la même manière je suis anti-raciste tout en étant Belge de naissance, résolument hostile à l'anti-sémitisme sans être Juif, absolument opposé à l'anti-islamisme sans être ni musulman, ni même croyant, pacifiste sans avoir dû faire la guerre et.. je suis aussi membre du Bureau d'une assemblée parlementaire (depuis 1999) sans être irresponsable, comme d'ailleurs la plupart de mes collègues. Désolé pour vos clichés réducterus, faciles et démagogiques. Inspiré par Sarkozy? Ou Le Pen? La question de cette nomination, en tout cas, sera posée à la prochaine séance du Bureau du PRB, juste àprès les congés de Pâques", dixit Alain Daems.

J'ai répondu à Monsieur le député que "bien que je sois également né à l'hôpital St Pierre, je ne comprends pas vraiment le ton de votre interpellation. Je n'ai effectivement pas eu le temps de vous appeler car j'ai estimé (à tord?) que les membres du bureau d'origine marocaine seraient peut-être mieux informés que les autres d'un scandale ayant eu lieu au Maroc. Ensuite, j'ai essayé de faire le tour de l'ensemble des 15 membres, en commençant par le président et le vice-président du parlement sans avoir eu le temps de terminer. Vous êtes évidemment libre d'y voir un filtre discriminatoire mais telle n'était pas mon intention. L'extrait sur la femme, si vous avez bien lu, vient du billet de Baudouin Peeters et c'est à lui que vous devrez poser cette question. Contrairement à ce que vous affirmez, mon papier ne laisse justement pas penser que le Bureau a agi en connaissance de cause étant donné que je donne systématiquement la parole à différents membres du bureau qui semblent découvrir l'information. Je vous invite à relire les deux papiers à ce sujet avant de m'accuser d'avoir utilisé des "clichés réducterus, faciles et démagogiques. Inspiré par Sarkozy? Ou Le Pen?""

Marion Lemesre (MR), Vice-Présidente du Parlement, m'a également écrit en me déclarant : "Je confirme votre information puisque que j'ai été la première a dénoncer,hier après-midi, l'identité du candidat admis au stage par le Bureau qui s'était réuni le midi. J'ai demandé , aussitôt,au Président la convocation du Bureau et l'annulation de sa décision. Il est surpenant qu'après une telle procédure de recrutement via le Selor et examen par un jury du Parlement , ce personnage n'avait pas encore été identifié.Je n'étais pas présente au Bureau qui a pris cette décision car je participais à une conférence de presse concernant la représentation des femmes dans les instances régionales . Je ferai la proposition au prochain Bureau qui sera réuni jeudi prochain sur ce sujet , de resserrer la procédure de recrutement notament avec une présentation exhaustive des candidats retenus par le Selor et proposés à l'examen de recrutement du Parlement.Si comme le dit le Président "des personnes avaient identifié le candidat et l'ont sciemment caché au Bureau", celles-ci devront être également identifiées! Ancien collaborateur du Cabinet Van Cauwenbergh à Charleroi , il est en effet étonnant qu'une telle candidature soit passée inaperçue. Une telle bévue doit servir de leçon !"

Dégoûtée par la décision du Bureau, Fatiha Saïdi (PS, ex-Ecolo) m'a envoyé un fichier bizarrement nommé "008.22.03.07.Tomas.serfati.doc" qui contient une lettre adressée à "Monsieur le Président, Cher Eric" concernant "un certain Monsieur S." où la députée explique que "ces jeunes filles (dont deux mineures) et femmes n’ont pas encore été reconnues comme victimes aux yeux de notre justice belge. J’espère que notre Parlement, institution démocratique, ouverte sur le monde et luttant contre toutes les formes d’injustice ne leur fera pas subir une troisième peine en engageant en ses murs leur agresseur présumé. Connaissant vos engagements politiques et humanistes, ainsi que ceux de l’ensemble de mes collègues issus de partis démocratiques siégeant dans ce bureau, je reste confiante en votre décision en matière de cet engagement. Puis-je me permettre, sans aucun procès d’intention à l’égard de quiconque, de vous interpeller également sur le fait que personne, au sein de votre équipe n’ait cru bon d’informer le bureau sur les agissements du candidat en question ? Au moins une personne était informée, celle qui a divulgué l’information vers l’extérieur…"

Dans un résumé de l'affaire dans Le Soir d'aujourd'hui, Marc Metdepenningen relate l'accusation de Fatiha Saïdi qui lui avait précisé "qu'une des relations de P.S. était mineure au moment des faits, ce que conteste l'intéressé".

J'ai également retrouvé l'un des membres du bureau, Emin Özkara (PS), dans la salle des guichets de la Maison communale de Schaerbeek, pour recueillir son avis : "C'est bon, nous avons revu la décision. Ce n'est pas vraiment de notre faute car la presse ne parlait que de P.S. en utilisant des initiales à chaque fois qu'elle évoquait l'affaire et puis le nom Servaty, c'est comme les Dupont, il y en a des milliers. On ne pouvait pas savoir qu'il s'agissait de la même personne."

Le message à retenir n'a visiblement pas changé : c'est la faute à la presse, les parlementaires n'ont aucune responsabilité dans les décisions qu'ils prennent.

jeudi, mars 22, 2007

Bruxelles : les étudiants manifestent pour un refinancement

Devant la siège bruxellois de la Communauté française de Belgique, entre 100 et 150 étudiants sont en train de manifester aujourd'hui (22/03/07) pour réclamer "un refinancement de l'enseignement supérieur en fonction des besoins". La manifestation est organisée par la Fédération des étudiants francophones (FEF), l'Union des Etudiants de la Communauté française (Unecof), les Etudiants de la FGTB, les Jeunes CSC et soutenue par le front commun syndical de l'enseignement. Prononçant des discours très forts contre la ministre de l'Enseignement, Marie-Dominique Simonet (CDH), les organisations estudiantines et syndicales demandent principalement à la ministre : "1. un renforcement de l'encadrement pédagogique et de l'aide à la réussite; 2. un caractère strictement public du financement de l'enseignement supérieur; 3. une augmentation des subsides sociaux et des bourses d'études pour garantir une réelle démocratisation de l'enseignement supérieur; 4. une amélioration des moyens matériels et des conditions de travail et de formation."

Je n'ai pu apercevoir qu'une seule parlementaire fédérale présente sur les lieux pour écouter les revendications des étudiants de l'enseignement supérieur : Zoé Genot (Ecolo).

Vous pouvez également écouter les revendications traduites en langage étudiant (déconseillé au moins de 12 ans) en cliquant sur la vidéo...

mercredi, mars 21, 2007

Eric Tomas : "Je suis furieux !"

14 minutes après la publication du précédent article, l'information est bien confirmée et j'arrive à joindre Eric Tomas (PS), Président du Parlement bruxellois, pour recueillir sa réaction sur l'engagement de Philippe Servaty comme attaché au parlement. "Je suis furieux car visiblement certaines personnes avaient identifié le personnage en question et avaient sciemment caché l'information aux membres du Bureau. Nous n'avons fait que suivre la procédure en puisant dans la réserve de recrutement. Ce personnage était visiblement parmi les lauréats d'un précédent concours. Je précise que la réserve de recrutement a été mise en place avant que je ne sois Président de l'assemblée. A aucun moment, nous n'avons été informé des détails biographiques de ce sulfureux personnage. Pour pouvoir travailler au Parlement, il faut fournir un certificat de bonne vie et moeurs mais également avoir une conduite irréprochable sur le plan éthique. Il est clair qu'entretemps, Monsieur Servaty a accompli des actes qui n'entrent plus dans les conditions requises pour travailler au sein de notre institution. Ce qui me révolte le plus, c'est que personne n'a rien dit. Lors du bureau, il n'y a même pas eu de discussion sur le sujet. Ce n'est que 1h30 après la fin du bureau que j'ai été informé. Je suis non seulement surpris mais également furieux contre les personnes qui n'ont pas jugé utile d'informer à temps soit le président soit les membres du bureau. Au lieu de nous avertir, on a laissé faire. C'est évidemment inimaginable comme décision. Je refuse absolument qu'on engage un tel personnage. La décision sera révoquée. Je convoque une nouvelle réunion dès la semaine prochaine pour revoir cette décision," explique Eric Tomas.

Revenant à la charge, Mohamed Daïf (PS) s'est déclaré "un peu étonné par la faiblesse du service de presse du Parlement qui devrait attirer notre attention sur ce genre d'information importante. Après votre appel, j'ai directement pris contact avec la députée Fatiha Saïdi (PS, ex-Ecolo) car c'est elle qui avait suivi ce dossier pour nous. Sur ce coup, nous avons vraiment été piégé. Je ne sais pas si l'information a fuitée via certains membres du bureau ou via le service de presse du Parlement mais je suis doublement faché contre les personnes qui savaient et qui nous ont caché l'information. De toute façon, vous pouvez être sûrs que nous allons nous opposer fermement à cette décision car nous ne pouvons pas accepter ce gars-là au Parlement."

Le Parlement bruxellois engage le pornographe d'Agadir

C'est Baudouin Peeters (TBX) qui vient de révéler sur son blog une information exclusive et explosive à propos du Parlement bruxellois : "Par décision de ce mercredi 21 mars, [le Bureau] a proposé à l'admission au stage au poste d'attaché du parlement bruxellois, Philippe Servaty, alias Belguel, ancien journaliste du Soir, suspecté dans des affaires gravissimes de moeurs au Maroc. Philippe Servaty, ancien du cabinet de Jean-Claude Van Cauwenberghe et ancien journaliste au "Soir", pour la rubrique économique, a postulé à la suite de l'appel à candidature pour un poste d'attaché au Parlement Bruxellois. (...) Ce midi, par décision des membres présents (tous des hommes), le bureau du Parlement bruxellois a proposé son admission au stage (l'équivallent de la période d'essai avant d'être engagé définitivement) à partir du ...1er avril 2007. Une très mauvaise... blague quand on connaît le passé plutôt discutable du journaliste, qui fait toujours l'objet de poursuites en Belgique et au Maroc", s'inquiète le blogueur-journaliste.

J'ai immédiatement appelé les deux membres d'origine marocaine du bureau (15 membres). "Je ne peux rien vous dire sur les décisions adoptées par le bureau pour des raisons déontologiques", m'a répondu Mohamed Daïf (PS) qui n'avait pas vraiment l'air au courant de la décision qu'il venait d'adopter. "Je suis tenu par le secret mais je vous conseille d'appeler le Président Eric Tomas car il représente le Parlement et à ce titre il a le droit de vous répondre", m'explique le député-secrétaire du Parlement bruxellois. De son côté, Mohamed Azzouzi (PS) confirme avoir "lu le nom d'un Servaty dans l'ordre du jour mais sans aucune mention biographique de cette nature. Si l'information que vous dites s'avère exacte, j'interpellerai personnellement le Président du Parlement pour qu'on puisse avoir un débat sur le sujet. C'est le bureau qui décide et le bureau peut revenir sur une telle décision Je n'ai ni le souvenir d'avoir lu une telle information de nature à remettre en cause la décision du bureau ni d'avoir vu la mention d'ex-journaliste dans le profil proposé. Très honnêtement, j'ai cru qu'il s'agissait d'un ex-conseiller de Magda De Galan qui s'appellait également Servaty. Je poserai très clairement la question de confiance lors du prochain bureau."

Un autre membre du bureau, Emin Özkara (PS), contacté par téléphone a rapidement raccroché le cornet après avoir écouté la question.

lundi, mars 19, 2007

Charleroi : ReWics

Ce lundi (19/03/07), j'ai participé comme orateur à la 6e édition des "Rencontres wallonnes de l'Internet citoyen" (Rewics), un événement non-commercial organisé au CEME par Technofutur TIC asbl, Centre de compétence de la Région wallonne, avec le soutien (notamment) de la Présidence de la Région wallonne. L'ambiance était évidemment "branchée" et j'ai pu noter la présence de deux partis politiques (PS et Ecolo) parmi les exposants en plus d'une floppée d'associations, d'institutions et de sociétés commerciales présentes sur les lieux.

Renaud Hermal (rédac-chef multimédia de LaLibre.be et de DHnet.be), Christiane Turck (SudPresse), Joël Bajot (Chercheur ULB), Gilles Klein (Pointblog), Philippe Allard (ReWics) et moi-même avons discuté des "médias et internet, du 4e pouvoir à la 4e dimension". C'était assez bref mais intéressant. Parmi les interventions, j'ai particulièrement apprécié les exemples concrets du redoutable Gilles Klein qui nous transporte dans son analyse de part et d'autres de l'océan atlantique, avec un passage obligé par le concours présidentiel des fromages qui puent, ainsi que la logique commerciale des rédactions belges décrites par Renaud Hermal. J'ai tenté d'évoquer la confrontation des deux logiques (commerciale et non commerciale) en matière d'information et la fausse concurrence des blogs par rapport aux sites internet des grands médias.

Renaud Hermal a également levé le voile sur la fréquentation des sites qu'il gère (40 à 45.000 visiteurs/jour pour DHnet.be et 30 à 35.000 visiteurs/jour pour LaLibre.be) avec une perte d'audience de 30% de visiteurs (non qualifiés) depuis le non-référencement par GoogleNews suite à la plainte de Copiepresse. Une perte d'audience qui serait sans grande conséquence étant donné que les annonceurs préfèrent les "visiteurs qualifiés".

vendredi, mars 16, 2007

Emir Kir lance sa campagne négationniste dans les quartiers populaires

"Emir Kir (...) non reconnaissance du génocide arménien, le secrétaire d'Etat d'origine turque". Ces quelques phrases soulignées au marqueur fluorescent rose et placardées sur la vitrine des cafés et d'une mosquée dans les communes bruxelloises de Saint-Josse et de Schaerbeek relancent la campagne électorale d'Emir Kir (4e candidat PS à la Chambre) avec comme principal argument électoral la négation du génocide arménien.

L'argumentation, preuve matérielle à l'appui, vise un électorat turcophone (clientèle des cafés et des mosquées) ne maîtrisant pas la langue française et excite principalement son sentiment nationaliste : "Laurette Onkelinx en personne a déclaré dans le journal belge La Dernière Heure qu'Emir Kir ne reconnaissait pas le génocide arménien, voici la preuve !" C'est l'argumentaire-type véhiculé dans les cafés.

L'article en question daté du 14/03/07 et signé par le journaliste Mathieu Colleyn, photocopié à des milliers d'exemplaires et distribué dans la plupart des débits de boissons et des lieux de culte musulman à Saint-Josse et Schaerbeek par les militants d'Emir Kir, n'est en réalité que l'annonce classique, pourtant sans complaisance, de la liste PS à la Chambre. Parcourant la liste socialiste, le journaliste explique en réalité qu' "Emir Kir ne traîne pas non plus une réputation flottant sur un long fleuve tranquille. Régulièrement attaqué sur la non-reconnaissance du génocide arménien, le secrétaire d'Etat d'origine turque s'est récemment illustré par un coup de force envers sa collègue Evelyne Huytebroeck (Ecolo) au gouvernement bruxellois concernant le financement d'un centre de biométhannisation."

Interrogés sur le passage du candidat socialiste en personne, quelques clients du café "Efe Dayi" à Saint-Josse m'ont expliqué que le "ministre d'Etat vient régulièrement pour nous expliquer la politique. On lui a demandé si l'histoire du sms envoyé par erreur à sa collègue du gouvernement était bien véridique mais il a expliqué qu'il s'agissait d'une histoire inventée par le journal Le Soir pour le discréditer parce qu'il est d'origine turque."

Il est curieux qu'Emir Kir (PS) tente de jouer encore avec le feu en favorisant une fois de plus, en langue turque uniquement, la négation du génocide arménien. Lors de sa dernière déclaration publique, Emir Kir avait pourtant lui-même déclaré "(...) que les Arméniens avaient été victimes de massacres et de déportations atroces et qu’il appartenait à chaque état d'assumer son passé. Je comprends que ces faits puissent être qualifiés de génocide (...)"

Fin de l'épisode 5 dans la série ... "le double discours d'Emir Kir" (retroactes : épisode 4, épisode 3, épisode 2, épisode 1).

mercredi, mars 14, 2007

Caroline Fourest (presque) entartée à l'ULB

C'est dans une ambiance ultrasécuritaire (8 gardes en plus de la police locale et fédérale) et très tendue que l'Université Libre de Bruxelles proposait ce mardi soir (13/03/07) une tribune libre à la journaliste Caroline Fourest (Charlie Hebdo et Pro Choix) après avoir interdit l'organisation d'un débat contradictoire avec Tariq Ramadan (Université d'Oxford et d'Erasme) dans le cadre de la Semaine d'Actions contre le Racisme. La principale source permettant au recteur Philippe Vincke et à sa conseillère spéciale Emmanuelle Danblon de déclarer l'orateur musulman persona non grata n'est autre que... Caroline Fourest, d'où l'agitation et l'incompréhension qui règnent sur le campus quand elle se voit offrir une tribune non contradictoire.

La tension est forte et l'auditoire emblématique (Paul-Emile Janson), à moitié rempli, offre dès le départ une division nettement marquée par les organisateurs : la plupart des meilleures places réservés aux obligés du marais inféodés au clan rectoral et les places du fond abandonnées aux sauvageons montagnards infestés par la déviance du relativisme culturel dégagé sans doute par les préceptes islamiques. Comme la décision polémique de l'autorité rectorale ne fait pas l'unanimité au sein même de l'Alma Mater libre-exaministe, dès le début de la soirée des incidents éclatent. A la lecture d'un texte critique ainsi que des Litanies de Satan (Baudelaire) par quelques excités, quelques sympathisants de l'autre camp haussent le ton et rétorquent très sérieusement par "mettez-le dehors !" ou "fous le camp imbécile !"


Ce rythme est soutenu tout le long du monologue de Caroline Fourest par des lectures croisées (à gauche et à droite de l'auditoire) du refrain de Baudelaire : "Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!" allégé de temps en temps par un duo féminin en stéréo qui répond par la parodie de l'argumentation contradictoire : "et si c'est vrai, c'est quand même faux !" La tactique de l'agitateur est toujours la même : intervenir bruyamment mais aussi très brièvement pour éviter le détecteur de censure rectorale. De plus, si on compte que le monologue de l'oratrice sera constamment entrecoupé par un minable "dialogue intellectuel" des deux camps ("fascistes!" contre "intégristes!" et vice versa), il faut bien admettre que Caroline Fourest avait bien du courage pour continuer son discours sur "le choc des préjugés".

Sur le fond, pas vraiment de surprise, Caroline Fourest martèle toujours les mêmes accusations de double discours, d'intégrisme et d'obscurantisme contre ses ennemis (Tariq Ramadan en tête) en alignant une série de principes généraux sans jamais démontrer une preuve matérielle irréfutable. Elle évite aussi de mentionner les démentis des personnes qu'elle condamne. L'interdiction d'une pièce de Voltaire par "délicatesse" ? Démentie par Tariq Ramadan lors de son dernier passage à Bruxelles qui m'expliquait qu'il avait au contraire enseigné Voltaire. Son double discours sur les cassettes audio ? Démenti par l'intéressé qui précisait qu'Antoine Sfeir et Caroline Fourest refusent de montrer ces cassettes prouvant son double discours.

Caroline Fourest explique ensuite son travail sur les 3 intégrismes (musulman, chrétien et juif), le procès contre Charlie Hebdo intentées par 3 organisations musulmanes, dont 2 (l'UOIF et la Ligue mondiale islamique) qu'elle qualifie d'intégristes - sans préciser évidemment que Tariq Ramadan s'est déclaré opposé à ce dépôt de plainte - et évoque son admiration pour l'ex-députée néerlandaise antimusulmane Ayaan Hirsi ex-Ali engagée par le think-tank néoconservateur American Enterprise Institute. Pour Caroline Fourest, qui accepte volontiers qu'on la qualifie d'"intégriste laïque", il faut faire son choix dans la guerre que se livrent les modernistes et les fondamentalistes au sein de l'islam.

Interpellée par Souhail Chichah (chercheur à l'ULB) sur l'amalgame entre islam et islamisme contenu dans le manifeste des douze, la journaliste réfutera l'existence d'un tel amalgame. Pas convaincu, Chichah revient à la charge en alignant quelques déclarations des signataires célèbres de ce même manifeste : Taslima Nasreen : "Pour être libres, les musulmanes n'ont d'autre choix que de s'affranchir de la religion"; Ayaan Hirsi Ali : "Oui. Le problème, c'est le Prophète et le Coran." Réponse limpide de Caroline Fourest : "Oui, je soutiens ces femmes."

Caroline Fourest enchaîne ensuite sur la critique des médias qu'elle accuse de complaisance à l'égard de Tariq Ramadan : "A force de l'inviter partout, les médias lui offrent une tribune et aucune alternative pour un islam des lumières. Ils doivent faire de l'audience et ils cherchent finalement des confrontations caricaturales au lieu de favoriser le débat. Ils ont un jour organisé un débat entre Philippes De Villiers et Tariq Ramadan. Dans ce cas de figure, on ne nous laisse plus de choix et pour l'anecdote même moi, j'étais pour Tariq Ramadan."

Mais, alors que la tension semble au plus bas, une kamikaze non voilée se lance dans un attentat pâtissier qu'elle manquera de peu. Interrogée sur sa motivation suite à l'acte manquée, Zelig (nom de code) m'avouera avoir demandé conseil sur la crème pâtissière au Mollah Gloupgloup (alias Noël Godin) pour ses préparatifs en ajoutant dans un texte de revendication que "devant une telle humiliation pour la pensée, ainsi qu’en proie à la colère pour ce que toutes ces légèretés ont comme pouvoir nocif, afin pour conclure de ne pas cautionner une carrière qui s’est entièrement construite sur la diffamation et afin de nous protéger de la médiocrité, nous avons préférer la légèreté inoffensive de la crème fouettée à celle rance des propos de Caroline Fourest".


Mais le personnage qui me paraîtra le plus condescent, le plus partial et le plus arrogant sera sans aucun doute le professeur philosophe Guy Haarscher : "je ne connaissais pas le Cercle des étudiants arabo-européens. Je pensais que c'était un chouette truc ça : des Arabes qui veulent s'intégrer à l'Europe!", explique-t-il sur un ton ironique en qualifiant ce cercle de "communautaire" pour ne pas dire musulman. Le professeur Haarscher, "laïc en Belgique et partisan d'un Etat ethnico-religieux en Israël", dénoncera "le double discours ", la "chappe religieuse", la "présence d'une majorité de filles voilées", "les insultes à l'égard des mouvements modérés" et les "propos homophobes" commis lors des conférences de Tariq Ramadan... "d'après les informations que j'ai pu obtenir". De qui ? De Caroline Fourest, probablement... la boucle est bouclée et le débat n'aura pas lieu.

Echec de participation pour la conférence arménienne

La première conférence du Comité de Défense de la Cause Arménienne (CDCA) ayant pour sujet "le négationnisme : les démocraties face à l 'ultime phase du génocide - pour une juste pénalisation" a bien eu lieu ce mardi (13/03/07) à la Maison des Parlementaires. L'assemblée comptait à peine une trentaine de participants, dont quelques détracteurs journalistes turcs ne comprenant pas le français (excepté le mot génocide), difficile d'évoquer un quelconque succès dans ces conditions.

Parmi les élus, il était intéressant de noter la présence de François Roelants du Vivier (FDF) et Christine Defraigne (MR), auteurs de plusieurs propositions visant la pénalisation des négationnismes, Viviane Teitelbaum (MR), auteur de plusieurs interpellations sur le sujet au Parlement bruxellois, Josy Dubié (Ecolo), auteur d'interpellations à ce propos, Denis Grimberghs (CDH), co-signataire d'un préaccord électoral secret non respecté et Clothilde Nyssens (CDH), la grande politicienne du parti centriste débordante d'énergies et capable par exemple de manifester en même temps et en l'espace de 2 semaines aux côtés des Arméniens et des Assyriens pour la pénalisation des génocides et ensuite courtiser l'électorat turcophone à Schaerbeek en soutenant exactement la position inverse. A noter également l'absence du PS bruxellois car le parti de gauche présentait le même jour sa liste à la Chambre pour les élections fédérales du 10 juin 2007 avec en 4e position un certain Emir Kir (PS) qualifié (notamment) de négationniste par une décision judiciaire.

Ouvrant la séance avec plus d'une heure de retard, Hayik Malikian, le Président du CDCA, sera fortement critiqué par plusieurs autres orateurs pour ses propos jugés turcophobes ("L'Empire ottoman, une structure politique raciste") et remplis d'amalgames ("Tariq Ramadan, un personnage sulfureux suspecté d'antisémitisme").

Des propos qui mettront mal à l'aise le sénateur François Roelants du Vivier (FDF) qui précisera d'emblée qu'il est pour l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne pour autant que les conditions, dont la reconnaissance du génocide, soient réunies . "Il est difficile d'incriminer le Turc ordinaire qui se voit infligé une vérité officielle. Ce n'est pas non plus par l'adoption d'une loi qu'on changera les mentalités mais par un long travail culturel. Sur le terrain politique, quand quelqu'un est élu, il est un élu de ce pays et pas d'un autre pays. C'est une vérité qu'il faut parfois rappeler", conclut-il en référence au lobbying intensif d'Ankara sur les élus d'origine turque en Europe.

Yolande Mukagasana, rescapé du génocide des Tutsis, enchaîne avec émotion et talent sur "la difficulté de parler d'un génocide. Comment nommer l'innommable ? La négation du génocide des Tutsis avait déjà commencée pendant sa planification. Après, il faut encore éviter les pièges politiques tendus par les médias qui n'attendaient de nous que des déclarations précisant que tous les Hutus étaient des bourreaux. C'était faux ! Tous les Hutus n'étaient pas des génocidaires et il fallait continuer la recherche des assassins de mes enfants. J'ai aussi rencontré, en Belgique, la négation de notre génocide. J'ai écrit des lettres au Sénat et à la Chambre pour demander aux parlementaires de faire quelque chose afin qu'on puisse punir les négationnistes. Chaque année, le 6 avril, que ce soit à la Basilique ou à Woluwé-Saint-Pierre, des gens commémorent les planificateurs du génocide. Je n'ai malheureusement reçu aucune réponse. Je sais qu'un génocide est irréparable mais les conséquences d'un génocide sont réparables. C'est dans ce contexte que je voudrais dire que si on se bat aussi pour la reconnaissance du génocide arménien, c'est aussi pour aider les jeunes turcs."

Radouane Bouhlal, Président du MRAX, se contentera d'abord de rappeler la position de son association : "Le débat sur l'élargissement de la pénalisation de la négation des génocides est apparu à l'initiative de la ministre de la Justice, Laurette Onkelinx (PS), dans le cadre de la transposition d'une convention européenne sur la cybercriminalité. Au lieu d'élargir la pénalisation, nous aurions effectivement pu défendre la suppression de la loi de 1995 punissant la négation de la Shoa mais c'était évidemment inacceptable pour plusieurs raisons. D'abord, cela aurait été un très mauvais signal envoyé aux négationnistes néo-nazis. Ensuite, il faut savoir que la première forme d'antisémitisme concerne, d'après les plaintes enregistrées au MRAX, non pas la haine du juif émanant des Arabo-musulmans vivant dans les quartiers pauvres mais bien la négation très polie du génocide des Juifs émanant des Belgo-belges habitant dans les beaux quartiers comme Uccle. Au MRAX, nous ne voulions pas alimenter encore plus le négationnisme en proposant l'abrogation de la loi de 1995. Donc, il fallait élargir la pénalisation aux autres génocides reconnus par la Belgique pour éviter que les théories négationnistes comme la double négation (génocide des Hutus et des Tutsis) ou des manifestations visant à démanteler les monuments ne se poursuivent. Alors, on nous a dit : 'Pourquoi vous n'avez-vous pas inclus le génocide de Srebenica ?' Tout simplement parce ce problème ne se pose pas sur le terrain. Personne aujourd'hui en Belgique ne nie le génocide des Bosniaques. La pénalisation est une limitation en extrême urgence de la liberté d'expression. Donc si demain le problème se pose avec ce type de négationnisme, nous proposerons de l'ajouter. Le MRAX n'est pas opposé à la recherche historique sur le sujet et personne n'a l'intention de mettre en prison des chercheurs. Nous demandons donc aussi au législateur une clarification de la loi en ajoutant l'intention dans le chef de l'auteur du crime de porter atteinte à l'ordre public et de bafouer la mémoire des rescapés."

Le Président du MRAX évoquera aussi les difficultés rencontrées pour défendre son point-de-vue pendant ce débat : "Il était difficile de défendre un discours pénalisant dans une société où la liberté d'expression est choyée. Nous avons également dû faire face aux raisons électoralistes de certains partis dans le cadre des élections. Nous nous posons également des questions entre nous sur la stratégie poursuivie et j'avoue devant vous qu'il y a certains points qui me mettent mal à l'aise, comme votre discours d'introduction Monsieur le Président. Au lieu d'apaiser, n'avons-nous pas aggravé le conflit sur le terrain entre les Arméniens et les Turcs ? Même si la loi est adoptée, le problème restera étant donné que nous pourrons tout de même pas mettre tous les Turcs en prison. Je suis pour l'entrée de la Turquie en Europe, la Turquie est un grand pays. Cela m'embête de voir que le sujet du génocide soit utilisé par certains pour bloquer la candidature de la Turquie à l'Union européenne. Dans ce débat difficile, le MRAX a souvent été malmené par nos politiques où certains n'ont pas hésité à faire des chantages aux subsides."

Joël Kotek (professeur à l'ULB) retracera brièvement l'historique des négationnistes de la Shoa. en expliquant que "la négation de la Shoa sert principalement l'extrême droite en France. Bien que la responsabilité de l'Etat français a clairement été reconnue par Jacques Chirac en 1995, c'est avec l'émergence d'un personnage proche de l'extrême droite comme Robert Faurisson que le négationnisme prendra de l'ampleur. Faurisson parlera des prétendues chambres à gaz et du prétendu génocide des Juifs qui se fondent sur une escroquerie politico-financière dont le principal bénéficiaire est l'Etat d'Israël. La loi de 1995 n'est pas une loi mémorielle mais une loi antiraciste. Jusqu'à présent le négationnisme était un petit discours de secte mais depuis les déclarations du Président iranien et de l'organisation d'une conférence négationniste soutenue par l'Iran, c'est la première fois que nous faisons face à un négationnisme d'Etat. C'était l'une des principales différences avec les Arméniens qui combattent depuis longtemps déjà le négationnisme de l'Etat turc. Mais avec l'entrée de l'Iran dans ce type de discours, c'est la première fois que les Juifs doivent également affronter le même problème. En Belgique, on constate que le problème est loin d'être éradiqué car, en 2007, deux Belges ont décidé de rééditer et de mettre en vente dans les librairies Relay le texte des Protocoles des Sages de Sion."

Philippe Videlier (Chercheur CNRS) parlera de la "pathologie négationniste" en Turquie en fournissant une série d'exemples (les mausolées pour Enver et Talat Pacha, la redéfinition des noms scientifiques à consonnance kurde ou arménienne de quelques animaux, la propagande négationniste sur le site du ministère turc du Tourisme et de la Culture,...) inquiétants sur l'ampleur de la pression en Turquie. "Il faudra analyser l'évolution de la société turque suite à l'assassinat du journaliste Hrant Dink mais les images des policiers posant fièrement devant celui qu'il considère comme héros de la nation ne sont pas très encourageants."

Enfin, Jean-Piere Mukimbiri (doctorant à l'UCL) reviendra sur le génocide des Tutsis en abordant longuement les juridications de Gacaca comme alternative au règlement du contentieux ce génocide.

lundi, mars 12, 2007

La superstar de Beringen lance un appel au vote négationniste

Selahattin Koçak, échevin (SP.A) des Travaux publics, des Propriétés et des Festivités à Beringen, vient d'écrire en langue turque une lettre de protestations contre "la conférence organisée par les Arméniens au Parlement fédéral". Il vise plus spécifiquement la conférence organisée par le Comité de Défense de la Cause Arménienne (CDCA) sur le thème "Le Négationnisme : les démocraties face à l'ultime phase du génocide, Pour une juste pénalisation" qui se tiendra à la Maison des Parlementaires ce mardi (13/03/07).

"Il est difficile de ne pas devenir fou quand on regarde le noms des invités à cette conférence", s'indigne l'échevin socialiste flamand. Mais la partie la plus polémique de sa correspondance concerne ses commentaires personnels sur le profil des orateurs. Voici comment Selahattin Koçak présente les orateurs :
"1) Le professeur à l'ULB Joël Kotek : l'homme numéro 1 du lobby israélien en Belgique. C'est ce même lobbyiste qui rassemblé depuis 1994 des politiciens de différents partis en Belgique !
2) le prétendu historien Philippe Videlier : celui qui écrit depuis de longues années des livres à charge de la Turquie, décrétant à lui tout seul qu'il y a bien eu un génocide et c'est quelqu'un qui s'est complètement dédié aux services de la diaspora arménienne.
3) Radouane Bouhlal : celui qui n'est même pas accepté par la communauté marocaine, le Président du MRAX (Le Mouvement bruxellois contre le racisme)
4) Hayik Malikian : comme son nom l'indique, le président du Comité arménien.
5) Jean-Pierre Mukimbiri et Yolande Mukagasana : les experts sur les massacres commis par les Hutus contre les Tutsis au Rwanda."

L'échevin d'origine turque demande ensuite "ce que ces personnes, excepté Hayik Malikian (car on ne peut attendre autre chose d'un Président de comité arménien), font dans une telle conférence ?"

Lors d'un entretien téléphonique de ce jour (12/03/07), Selahattin Koçak m'a expliqué que "c'est en tapant les noms des orateurs sur Google et sur base des informations disponibles en néerlandais que je suis arrivé à ce résultat. Qu'un professeur turc ou arménien discutent de ce problème ne me gène pas car ils sont concernés par le sujet. Mais je m'interroge sur la présence des autres personnes qui n'ont rien avoir avec le débat. En associant des experts sur les massacres hutus et tutsis ou sur le génocide juif, ils sont en train d'utiliser la tactique du take it to the next level, comme on dit en anglais. Qu'ils analysent les massacres de Srebenica ou en Afrique commis par la Belgique au lieu de se pencher sur ce sujet. Au lieu d'ériger des monuments pour les massacres commis sur les Arméniens, les responsables feraient mieux de bâtir des monuments pour promouvoir la paix. Je ne suis pas pour la confrontation mais pour la réconciliation des peuples."

Selahattin Koçak ne laisse pourtant aucune place à la réconciliation quand il considère dans sa lettre qu'une telle conférence est une "véritable provocation". "A force de crier, la langue de la population turque s'est blessée. La démocratie européenne commence petit à petit à perdre son origine. Le terme d'objectivité n'a maintenant plus aucun sens. Il est incroyable que dans un pays comme la Belgique, qui héberge la capitale de l'Europe, ce type de comportements anti-démocratiques soient soulevés et même transportés au Parlement. Cette conférence est une véritable provocation. Qu'une telle chose soit organisée au Parlement belge est une insulte pour les 170 mille citoyens turcs qui vivent ici."

L'échevin Koçak lance même "un appel et un avertissement aux médias turcs de Belgique ainsi qu'aux partis politiques belges. Que les politiciens élus ou non-élus d'origine turque de l'échelon local au plus haut niveau fassent clairement savoir qu'ils s'opposent à de telles initiatives. Inversons en Belgique le sale jeu politique qui se joue en Hollande. En Hollande, ils ont débarqué les politiciens d'origine turque qui refusaient d'admettre les allégations de prétendu génocide arménien. Inversons ensemble ce jeu en Belgique. Que les politiciens d'origine turque arrivés à un certain niveau en Belgique transmettent de manière nette à leurs présidents de parti le message que "le prétendu génocide arménien est un mensonge et les Turcs vivant en Belgique n'acceptent jamais une telle chose et que les électeurs turcs ne donneront pas de voix à ceux qui soutiennent de telles allégations".. Regardez la réalité hollandaise qui est bien vivante devant nous. Les partis qui ont débarqué les politiciens d'origine turque n'acceptant pas le génocide arménien ont perdu beaucoup de voix. Surtout lors des dernières élections, les électeurs turcs ont fait ressentir de manière encore plus nette leurs choix. Nous sommes également en Belgique. Nous avons nos voix et nos votes ! Pourvu qu'on utilise bien cela..."

Interpellé sur ses ambitions politiques, Selahattin Koçak m'a affirmé ne pas être candidat pour les prochaines élections fédérales du 10 juin 2007 : "Je n'ai pas d'ambition à Bruxelles. Tout le monde sait que je préfère travailler au niveau local."